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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 16:26

Religion

Méditation pascale

“Je demande un signe”

 

            La chose est fatale. Elle survient une année sur deux, le jour de Pâques, lorsqu’il pleut. (Il pleut à Pâques en moyenne, sachez-le, une année sur deux). Il pleut le jour où les chrétiens célèbrent la fête de la résurrection. Il y a en effet 2000 ans, le fait dit-on est historique, Dieu lui-même, en la personne de son  Fils, est descendu sur la Terre parmi les hommes. A vécu parmi eux jusqu’à l’âge de 30 ans, puis mourut martyrisé. Un pur geste d’amour. Et c’est la grande nouvelle de l’Evangile. Sachez-le, amis : Dieu nous aime. Autre bonne nouvelle : Jésus, le 3ième jour, est ressuscité. Une vie par conséquent existe après la mort. L’attente des humains se voit comblée. Dieu les aime. Leur pardonne le mal répandu sur la Terre, dont ils sont les seuls responsables. Ils sont sauvés. Nous irons tous au paradis. Même moi.

            C’était hier, il y a 2000 ans. Dieu, sous le nom de Jésus (“Le Sauveur”) révèle son existence à une poignée d’humains dans un pays du Proche Orient. De ce passage du dieu sur leur chemin ils ont rédigé un compte-rendu approprié, à plusieurs voix. Prenant soin de montrer dans les actes du Messie (naissance, prédication, supplice) l’accomplissement des prédictions de l’Ancien Testament. Un travail d’écriture sobre, un récit habile, enfin la fondation d’une religion nouvelle, cette fois universelle. De la belle ouvrage. Dans l’attente de la fin du monde. Celle-ci imminente. Ne prenez pas femme. Vendez vos propriétés. Le christ revient.

            C’était il y a très longtemps, dans un pays du Levant. Le Christ n’est pas revenu. Et beaucoup d’entre nous ont trouvé le temps de se demander si la geste de ce gourou nazaréen idéaliste, venu pour sauver l’idée d’un Dieu-amour, n’était pas finalement une fable, et seulement une fable. Une fable cependant qui aurait réussi. Car le Christianisme, comme le Bouddhisme et l’Islam, pourrait être non seulement une religion mais également une fable, une fable qui aux humains a réussi. Qui a réussi car la vie est trop dure. Et qu’il est difficile à la plupart des humains de la prendre (la vie) pour simplement ce qu’elle est : un phénomène naturel et absurde, sans au-delà, sans signification autre qu’elle-même. (1) Qui donc irait reprocher aux humains de chercher des consolations, fût-ce dans le récit d’une fable, si celle-ci les conduit à vivre mieux ? Or le Christianisme, comme le Bouddhisme ou l’Islam, est une religion “qui marche”. Qui remplit une fonction. Celle de consoler et d’inventer un sens à la vie. Et “ça marche”. Ecoutez chaque jour Radio Notre-Dame. La meilleure des radios. Ça dégouline d’intelligence, de bonne volonté, de caresses évangéliques. Ces gens, la chose est manifeste, se sentent aimés. Gâtés certes par le sort qui leur accorde des conditions de vie satisfaisantes. Mais principalement aimés de Dieu, de Dieu lui-même, qu’ils tutoient gentiment. –Au prix, me dîtes-vous, d’une croyance à une fable, celle-ci accompagnée d’un déni du réel ? Oui, sans doute. Et alors ?

            N’empêche. Vous avez raison. C’est bien en ce jour de Pâques, et lorsqu’il pleut, que se lève en mon âme une sorte d’orage, une étrange colère. Car ce à quoi je suis sensible ce jour là, jusqu’à prendre froid, c’est à l’insondable absence du Dieu. Ces gentils chrétiens qui au printemps se réjouissent de la résurrection de leur Dieu, je les vois abandonnés sous la pluie. Ces gens, me dis-je toujours, ne méritent pas ça. Ce qui me frappe ce jour-là, c’est la solitude dans laquelle sont relégués les humains. Pourquoi Dieu, s’il existe, interroge une voix dans mon cœur, fait-il ce jour-là le mort,comme les autres jours ?

            Il s’est révélé à un petit nombre il y a très longtemps. Pourquoi cette parcimonie dan la révélation ? Pourquoi ce jeu sadique de cache-cache ? –“Pour nous permettre de grandir, nous répondent les apologistes, sans être écrasé par la puissance de la Divinité”. Ainsi justifient-ils le silence de Dieu. (Mais diable, qu’en serait-il de nous en la présence réelle de Dieu dans l’Eternité ?). Cette absence de Dieu est la raison pour laquelle je me range du côté des intellectuels juifs de Jérusalem (Marc 8,11). Et comme eux demande un signe. Si Dieu existe et n’est pas ce grand pervers qu’il paraît être, il ne peut nous refuser cela : un simple signe. Un signe toutefois qui soit universel, accessible à tous et à toutes les époques, laissant seulement les scientifiques sans explications. Qu’il fasse beau, par exemple, tous les jours à Pâques. Et cela, depuis 2000 ans. S’il n’est pas trop tard.

            J’écrivais ces lignes le samedi de la semaine sainte. Le temps était triste. Il faisait froid. Et il pleuvait. Dans la nuit, miraculeusement, le temps a changé. Aujourd’hui, dimanche de Pâques, il fait beau. Le Ciel aurait-il regardé par-dessus mon épaule ?

 

(1) – Nous sommes des névrosés de la cause finale. Celle-ci héritée d’une structure syntaxique du langage. Doublée du sentiment de peur d’un avenir précaire.    

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