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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 09:39

Littérature

Audur Ava Olafsdottir

“Rosa Candida”

Zulma, 2010

 

          Un bon garçon, une bonne maman, un bon papa, et juste pour amorcer l’histoire une petite erreur de comportement : un acte étourdi de copulation dans la serre fleurie du jardin. Le garçon, à peine connaissait-il la fille. Sur le plan sentimental, pas de lien entre eux. Neuf mois plus tard, alors qu’il s’apprête à quitter le pays, le jeune héros apprend qu’il va être père. Il assiste à la naissance du bébé, une fille, et aussitôt prend le large. La jeune mère ne lui demande rien. Le jeune homme dans sa vieille auto se dirige vers le sud de l’Europe. Entre les murs vénérables d’un monastère haut perché, on l’attend. Il va tenir le rôle de jardinier. Le jardin clos, quoique laissé en friche, est connu dans le monde entier pour la qualité de ses roses. Le jeune voyageur, de son côté, apporte de chez lui une plante rare. La rosa candida. Une rose pourpre à huit pétales mais sans épines. Il convient de voir là un symbole. Le récit qui va suivre est un roman d’amour sans drame, sans épines, et d’un bout à l’autre non conventionnel. Ne faisant jamais appel à la règle morale. On en reste baba. Une saison plus tard, la jeune femme donne d’elle des nouvelles. Elle prépare un examen. Le jeune homme pourrait-il s’occuper de l’enfant, le temps d’un mois ou deux ? Ce n’est nullement une obligation, juste un service en passant. Comment refuser ? L’histoire relationnelle des deux jeunes gens commence véritablement là. Elle se déroule comme l’on s’en doute de façon cocasse, chacun se montrant toutefois attentif à l’autre. Et chacun (on admire) s’occupant de façon exemplaire de la petite enfant complaisante, jolie comme un cœur. Le récit, malheureusement ne nous épargne aucun détail des menues choses de la vie concrète : le ménage, les couches, la cuisine, les voisins du hameau. Et certains lecteurs, de temps en temps, sauteront allègrement un paragraphe ou deux. Mais pour retomber, par exemple, sur cette relation avec un moine pittoresque, moderniste, amateur du cinéma de Jean-Luc Godard et d’alcool de poire, dont les conseils ressemblent à ceux d’un psychanalyste lacanien. –“Que veut dire une femme qui dit qu’elle a peur que l’homme ne revienne pas quand il va faire une course ? ” demande l’angélique garçon. “Il se peut, répond l’homme de Dieu, que ce soit elle qui ait envie de partir, seule.”. Partira, la fille, partira pas ? Je vous le laisse découvrir. Et apprendre que l’on peut faire une bonne petite littérature réaliste avec  une histoire bourrée de bons sentiments. Ce qu’en effet l’on retient de ce récit, en dépit de quelques recettes de cuisine c’est, tenez-vous bien, l’image d’une épure. Le dessin léger d’une relation candide, attentionnée, naturellement orientée vers le bien, mais dans laquelle aucun des partenaires ne cède, ni n’anticipe, sur son désir.

            Un livre rare. A offrir à Philippe Sollers comme à Christian Bobin.

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