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8 juillet 2018 7 08 /07 /juillet /2018 18:06

Religion

 

 “Amour humain, amour divin”

(Petite note, en quatre bonds, inspirée par l’ouvrage autobiographique

de Stan Rougier :

Dieu écrit droit avec des phrases courbes

(Presses de la Renaissance, 1999)

                                                          "Adopté par la meute des chacals, le lionceau  poussait leur cri.                                                            Un jour, découvrant dans une mare son image, en lui le lion se mit à rugir”.

                                                                                              Rudyard Kipling : le Livre de la Jungle.

                                                                                                                    (cité de mémoire).

Une Jouissance

            L’amour, dans sa figure tutélaire, se symbolise dans le merveilleux “Jouir ensemble” des amants. Dans le sentiment de fusion qu’ils éprouvent, corps et âme, en accomplissant, dans la gestuelle de leur choix, la rencontre des corps.

Une élection

            Plus profondément, chez le sujet humain, l’amour s’exalte d’une sorte de révélation. Une révélation qui fonde en lui ce que l’on peut appeler l’instance psychique de l’estime de soi. Celle-ci, chez le sujet humain, s’avérant une position dans l’existence jamais tout à fait assurée. Mais agissant, chez le sujet adulte, comme opère chez l’enfant (dans le stade du miroir) l’accès à la conscience de soi.

            Cette révélation distinctive, et j’allais dire “honorifique” qu’un autre être lui apporte, introduit le sujet dans le monde des “élus”. Fait de lui, entre tous, un préféré. Cette élection, telle un sceau structurant, protège et dynamise le désir d’être du sujet et l’aidera, dans la survenue de l’épreuve, à sauvegarder la pensée que sa vie porte un sens, mérite en somme d’être vécue.

Une désillusion

            Ces notions, fondamentales, montrent comment l’annonce d’un Dieu amour épouse et investit la sphère de l’amour profane, lequel parait tout préparé à le recevoir. Et pour la simple raison que c’est lui, l’amour humain, qui génère le rêve d’un amour divin. Et ce, par compensation, par prudence, ou pour faire plus joli.

            Car en effet l’amour que m’offre le partenaire humain et qui fait de moi une princesse ou un prince s’avère fragile, souvent infidèle, chargé d’une différence plus radicale que je ne le pensais. Et dans tous les cas destiné à mourir. La merveilleuse aventure humaine de l’amour et la vie n’apparaissent-elles pas dès lors dépourvues de sens ?

A moins que…

            A moins qu’une révélation infiniment plus puissante me soit proposée, qui vienne combler la première. Soit la révélation que je suis, misérable, aimé par un Dieu. Un Dieu dont la parole est fidèle au-delà de toute espérance. Et qui, en plus de m’aimer me promet, pour faire bonne mesure, le bonheur de la vie éternelle.

Œdipe ou Jocaste

La vérité ou  la vie

            Devant l’annonce du fait religieux, ici la révélation d’un Dieu amour, dirai-je que deux peuples se confrontent ? Le peuple de ceux qui croient, et le peuple de ceux qui ne croient pas ? Cependant il y a tant de façons de croire et de ne pas croire ! Et tant de degrés dans la croyance et dans l’incroyance ! Votre serviteur, par exemple, ancien croyant convaincu, aujourd’hui radicalement athée. Qui toutefois lorsqu’un bonheur le caresse, murmure du fond du cœur : “Merci mon Dieu, si vous existez”. Où diable le placer ?

            Nous nous trouvons néanmoins entre deux camps distincts. L’un que je placerai sous le patronage de Jocaste, nous comprendrons pourquoi, l’autre sous le patronage d’Œdipe. L’un et l’autre, ici hors distinction sociale, constitués d’aristocrates et de manants. Les gens de Jocaste étant ceux qui, bien nés, en bonne santé et intelligents, se satisfont personnellement de la vie comme elle va. Voudraient par conséquent qu’elle se prolonge, mais en revanche, redoutent la mort. Et le peuple d’Œdipe, constitué de ceux qui, mal nés, ont quelque chose à reprocher à la vie (et à son Auteur, s’il en est un) mais qu’en revanche la mort n’effraye pas. Les premiers sont les adeptes du culte de la vie. Les seconds les adeptes de la Vérité. “Cesse de t’interroger, supplie Jocaste, on est bien comme ça.” – “Quoiqu’il en coûte, rétorque Œdipe, je veux savoir !”.

            Priorité à la Vie pour les uns, à la Vérité pour les autres. Les premiers se référant au discours que leur apporte le récit biblique, les seconds s’attachant à lire ce qui est inscrit dans le réel du monde créé.

            Supériorité épistémologique du peuple œdipien, du point de vue de la raison ? Incontestablement. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, et le pari de Pascal a son chic, et certains quartiers de noblesse. En somme : pourquoi ne pas rêver ? –Puisque ça marche !

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