Philosophie
Onfray sur les ondes
Le philosophe, comme chaque été, retransmet son cours sur France-Culture. J’ai grande estime pour l’homme. Sa volonté d’être clair, la quantité de travail qu’il fournit, les auteurs oubliés qu’il exhume, suscitent l’admiration. La création à Caen de l’Université populaire est en outre une réalisation qui témoigne d’une belle générosité. Peut-être sa parole est-elle trop véloce pour être véritablement populaire. Il faut être entraîné pour suivre sa cadence jusqu’au sommet du Parnasse. Il y a toutefois chez lui un point de fragilité. Une zone d’ombre non analysée qui le rend instantanément bête et méchant en deux circonstances : lorsqu’il parle de Freud, ou de la religion chrétienne. En ces deux occurrences, il se prive d’exercer, comme l’exigerait une bonne méthodologie, un a priori favorable. Par exemple, et pour n’envisager que le dogme chrétien, celui-ci semble tout entier dominé, à ses yeux, par la volonté de punir. De punir, et par là d’asservir les humains jugés responsables (péché originel) de tous les maux de la Terre. Sans voir que le judéo-christianisme peut être né, tout aussi bien, d’une conscience aiguë du mal inscrit dans la Création. Et de la tentative bien intentionnée, en inculpant l’homme, de disculper Dieu. De sauvegarder ainsi, aux yeux des humains, l’image rassurante d’un Dieu Bon, Réparateur, Consolateur. Leur garantissant de le sorte une belle espérance.
Pourquoi, chez Michel Onfray, la mise en avant exclusive de la volonté de punir ? Je fais l’hypothèse qu’un prêtre, lorsqu’il était enfant, lui toucha la quéquette. Et Carla, qui se souvient de tout, confirme l’hypothèse. Michel O. parlant naguère de son enfance, évoqua le fait. Je l’avais pour ma part oublié.
Ces réserves sont importantes. Michel Onfray n’en est pas moins un grand professeur. Si, ne le connaissant pas vous désirez l’entendre, prenez l’écoute le vendredi à 19 heures sur France-Culture. Ce jour-là, pendant une heure, le philosophe répond en improvisant aux questions du public. Vous goûterez son brio, la qualité de son érudition, son esprit de synthèse, ses positions personnelles, et de temps en temps, ce qui ne gâche rien, sa drôlerie.
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