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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 15:50

Littérature

 Irvin Yalem

“Et Nietzsche a pleuré”

Galaade Editions, 2007

 

           L’histoire est un roman qui a eut lieu. Le roman une histoire qui aurait pu être”. Subtilement, l’auteur de “Nietzsche a pleuré” rend compte de son ouvrage à la lumière de ce trait d’esprit d’André Gide. Et il est vrai qu’à Vienne, en l’an 1882, des personnages historiques tels que Nietzsche, Freud, Breuer et Lou Andréa Salomé se sont rencontrés ou auraient pu se rencontrer. Tout comme il est vraisemblable que les choses, entre eux, auraient fort bien pu se passer comme l’imagine le roman. Notamment cette passionnante partie d’échec relationnelle qui occupe le centre du récit, et de laquelle Nietzsche et Breuer sortent gagnants. Non sans nous faire assister aux premiers balbutiements de la psychanalyse.

            Le professeur Nietzsche, le solitaire, est en effet bien malade. Comment diable le convaincre de suivre ce genre nouveau de thérapie inauguré par le Docteur Breuer au chevet de la jeune Anna O. ? La libre adhésion du sujet, condition essentielle au bon déroulement de la cure n’est guère respectée. Sous l’impulsion de l’irrésistible Lou Salomé, un véritable complot est ourdi qui amène le père de Zarathoustra à consulter Breuer. Ce qui donne lieu à une situation cocasse. Le médecin et le philosophe, ainsi mis en rapport, établissent entre eux un contrat thérapeutique équivoque où soignant et soigné intervertissent secrètement leurs rôles. Sur la base de ce rapport biaisé les deux géants jouent une partie serrée, chacun cherchant à guérir l’autre de ses troubles, et si possible à le dominer. La relation se purifie néanmoins au cours des séances et les conditions se découvrent peu à peu d’une véritable “cure par la parole”. Dans sa démarche personnelle, Breuer tire profit des conceptions philosophiques de Nietzsche. "Il faut vouloir ce qui est nécessaire. Aimer ce que l'on a voulu." Tandis que le philosophe, par le truchement du lien d’amitié qui s’établit entre eux, découvre le bienfait de l’aveu et des larmes. "Tu n'es plus qu'étonnement et sanglots".

            Que le lecteur amateur de péripéties se rassure, il trouvera son compte. Sachant que l’intérêt principal de ce roman est ailleurs. D’abord dans l’évocation de personnages célèbres, connus de nous, appartenant à la Vienne fascinante des années 1880. Mais surtout dans l’art et le sérieux avec lesquels l’auteur, qui est psychiatre, parvient à reconstituer le pas à pas vraisemblable d’une joute thérapeutique, à l’aube de la psychanalyse. Car enfin ce dont il s’agit nous concerne tous : Riche ou pauvre, beau ou laid, mal doué ou intelligent, comment réussir notre vie ? –Et en somme mourir content !

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