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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 10:18

Economie

Gaël Giraud

“Illusion financière”

Les Editions de l’Atelier, 2014

 

            L’auteur est un surdoué. Il a fait Polytechnique et Normale Sup, est devenu économiste, consultant pour une banque d’affaires et a été admis comme novice dans la Compagnie de Jésus. L’homme, on le devine, a des convictions et il est ardent. Chercheur aujourd’hui au CNRS, il a publié modestement en 2012 “Vingt propositions pour réformer le capitalisme” et, en 2013, le présent ouvrage “Illusion financière”, dont nous détenons déjà en 2014 une troisième édition. Les curieux de l’économie s’arrachent, dit-on, ce petit ouvrage qui ne fait pas 250 pages.

            Gaël Giraud est un homme libre. (Lié seulement par un voeu d’obéissance au pape, lui-même semble-t-il un homme libre, voire évangélique). C’est dire que le jésuite possède son franc parler. Parle pour être compris. Se veut pédagogue. Ne se complaît aucunement dans le discours sibyllin des spécialistes. Ou plutôt si. Il ose jargonner comme ils le font dans leurs clubs. Parle de “mille-feuilles”, “d’effet levier” et de “patates chaudes”. Cela ne veut pas dire que vous comprendrez dans le détail tout ce qu’il explique. D’autant que les mécanismes de la nébuleuse financière ne se ramènent pas tous à des algorithmes. Il faut composer bêtement avec des rumeurs, des fables inattendues. Et surtout avec un mensonge structurel. N’interrogez jamais un banquier, fût-il le dirigeant d’une banque centrale. Il ne peut dire la vérité. Et si par hasard pour lui tout va bien et qu’il le dit, il ne peut être cru. Le crédit, la confiance, moteur de tous les choix, s’appuie sur des croyances. Celles-ci incertaines par définition. Voilà ce qui gouverne l’économie. Ce que d’autres ont appelé “la main invisible du marché”. Or nous avons frôlé tout récemment la catastrophe et nous ne sommes pas tirés d’affaire. Au marché il faut imposer des règles. Par chance, si l’on peut dire, un évènement s’annonce qui va nous obliger à renoncer à notre “économie carbonée” : le réchauffement climatique. Devant cette menace, les humains vont-ils pouvoir s’entendre, convenir d’un projet commun ? Et l’Europe, pour commencer, saura-t-elle s’organiser en confédération ?

            Gaël Giraud s’efforce de s’en tenir au domaine économique. Mais une économie qui prend en compte l’urgence cosmologique et s’inscrit dans le cadre d’une vision globale, humaine et politique. Celle du bien commun de l’humanité. L’auteur est pessimiste. Les mesures prises pour réguler le fonctionnement des marchés sont trop timides. Nos haut-  fonctionnaires ont des liens d’intérêt trop étroits avec les dirigeants des grandes banques (celles-ci aussi riches que l’Etat). Enfin sa proposition principale, celle de considérer l’argent (avec la terre et le travail) comme un “bien commun”, intermédiaire entre le public et le privé, est une conception médiévale encore trop neuve pour être admise universellement. L’urgence d’une “transition écologique”, nous obligera-t-elle à opérer à temps cette révolution ?

            Sur  cet ouvrage de Gaël Giraud –si vous n’avez pas en ce moment une casserole de lait sur le feu– peut-être pourriez-vous jeter un œil, un crayon à la main ? Ce livre, est une bible.

 Un “Petit livre noir”.

                                                       gael-giraud-001-copie-1.jpg 

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