Poésie
Portrait allitératif N°4 : Franck
Le fascinant, chez Franck, c’est son cas.
“Flâneur placide mais facétieux, il fait figure à Fontenay de philanthrope affable. Un homme raffiné mais simple, qui ne fait pas d’esbroufe. Qui se plait à siffloter dans les squares des mélodies faciles, familières, quelquefois frivoles. Officiellement : un bon père de famille, ce monsieur F. Qui raffole réciter des fables aux enfants des écoles et aux petits orphelins des Hospices. Leur glissant dans la manche et sous le manteau, des friandises affriolantes strictement défendues. Occasion de conter fleurette. De raconter des fredaines au personnel féminin d’institutions sinistres, d’un dévouement presque infini, quoique profane. Avant d’aller s’offrir un verre “Chez Fanette”, établissement honnêtement fréquenté de Fontenay-les-Fraises. Et là, accoudé au comptoir, dans ce havre de paix fraternel : formuler d’une voix forte, manifestement inspirée : des apophtegmes chinois.
Ces indications une fois énoncées, il faut se monter franc. Ce citoyen sans défaut (fils affectionné d’un pharmacien cinéphile mécène fortuné d’une confrérie franciscaine), cet homme, Franck, est un fieffé filou. Une parfaite fripouille. Pour le dire sans ambages : un affreux trafiquant de morphine et de femmes. De Fontenay-les-Fanes fréquemment il s’efface. On le dit en pèlerinage. Au Fahouet, à Rome, à Fatima. Il est en fait à Fez, à Sfax, à Farafra. Quelquefois en Afghanistan, le plus souvent à Palerme, chez Fred : un ancien flic assez peu fréquentable, féroce en affaires, de ce fait parfaitement efficace. Fred, pour Franck, est comme un frère. N’est-il pas le parrain fastueux de sa fille Ophélie, la psychanalyste ? Femme affranchie, farfelue, archi-folle ? (Du genre que j’ai naguère bien connu, nue ?). Le fascinant, chez Franck, c’est son K, lequel le prive d’être franc.”
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