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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 12:26

Littérature

 

 Virginie Despentes        |          Philippe Forest

        “Apocalypse Baby”       |      “Le siècle des nuages”

       (Grasset, 2010)             |            (Gallimard, 2010)

           

             Il en est ainsi. Quand un livre est bon, je me dois d’en parler. Suggérer en quelques mots ce qui en constitue le cœur. Ecrire une courte chronique. Avec ainsi le sentiment de m’enrichir en payant une dette. Une dette de reconnaissance à l’égard de l’auteur. A l’auteur, me dis-je, je dois bien ça. Dans le cadre de mon entourage, de surcroit, c’est satisfaire un désir de partage. Un modeste projet de vie, en somme. Dont je m’acquitte, je dois le dire, avec inconstance. Devant des livres conséquents, je balbutie. Demeure sans voix. Ne parvenant à découvrir l’angle juste de pénétration.

            C’est ce qui m’arrive après la lecture de ces deux ouvrages remarquables indiqués ci-dessus, parus en septembre. Depuis plusieurs semaines, ils semblent attendre à mon chevet qu’enfin je trouve les justes mots. Deux épais romans qu’il me faut impérativement signaler à défaut d’en parler bien. Qui, l’un et l’autre, ont le mérite d’exposer avec art deux aspects dissemblables de notre société.

            L’un, dû à Virginie Despentes, s’écrit dans une langue orale, cocasse et populaire, habilement rythmée. L’autre, dû à Philippe Forest, dans une langue de coin du feu, ample, méditative et classique. Le premier nous invite à plonger dans les eaux troubles et turbulentes d’une jeunesse adolescente, contemporaine et déjantée. Certains portraits frappants de vérité (Yacine, Vanessa, Valentine, la Hyène), demeurent inoubliables. Le second nous introduit dans le domaine de la bourgeoisie moyenne d’une petite ville de province. Un monde à priori peu romanesque, typiquement “centriste”, qui oscille entre le Général et le Maréchal au siècle dernier. Un siècle qui fut, selon l’auteur, celui de la guerre avec l’Allemagne, et de l’essor mondial du transport aérien, pour le meilleur et le pire. Des ouvrages importants, qui non seulement captivent, mais nous amènent à mieux comprendre des êtres nés en des lieux ou milieux divers, peut-être différents du nôtre. Deux livres enfin qui démentent un article de presse que j’ai sous la main, selon lequel, je cite : “La littérature française est au creux de la vague.” Argument mince, consistant dans le fait que nos romanciers “ne sont pas au palmarès des meilleures ventes”. Un critère de valeur qui ne laisse pas de faire sourire lorsque l’on connaît le destin éditorial de la plupart des grandes œuvres.

            Qu’il me soit donc permis d’énoncer l’avis contraire. De penser que nos deux auteurs témoignent –à la suite entre autres de Mathias Enard (“Zone”) et J.M. Blas de Roblès (“Là où les tigres sont chez eux”)– d’une émergence nouvelle de notre littérature.

 

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