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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 18:34

Cinéma

 

Rabah-Ameur-Zaïmèche

“Histoire de Judas”

Film, 2015

 

            Allez voir “Histoire de Judas”. Vous respirerez un vrai parfum d’évangile. Il n’est pas nécessaire, au contraire, de connaître parfaitement la version canonique de la vie de Jésus pour apprécier ce film. On y perdrait de temps en temps son latin. Ni de la connaître au contraire pas du tout. On s’y perdrait complètement. A vrai dire, connaître ou pas, et c’est merveilleux, n’a ici aucune importance. Pour le savant comme pour l’ignorant, il suffit d’avoir connu la vie au bled, ou d’avoir été un jour marqué à jamais par l’esprit des béatitudes pour que le miracle se produise. Pour que le souffle de l’évangile passe. Et encore, à présent, à me remémorer la seule première scène du film, où l’on suit interminablement et dans le silence un homme monter dans la rocaille d’un djebel aride, des larmes ineffables inondent mes yeux. On éprouve le silence, la peine, la durée, la beauté. Ce n’est qu’après que l’on devine que l’on a suivi les pas de Judas, lequel rejoint Jésus au désert, Jésus exsangue, exténué par le jeûne, pour le ramener auprès des siens, à cheval sur son dos. Les gens aimés, dans ce film, ce sont les damnés de la terre. Les pauvres, les pécheurs, les renégats, les mal aimés. Judas, bien sûr, mais aussi Barrabas, la femme adultère, Pilate, le centurion. Jésus lui-même est un personnage très humble qui dirait-on ose à peine se montrer. Il n’a rien d’un bon orateur dont la voix ferme en impose. Rien du gourou musclé que nous peindrait avec orgueil Michel-Ange. Il parle doucement. Son message est celui du pardon et de la liberté. Il entend délivrer les pauvres de l’oppression de l’occupant, des riches, des politiques et des marchands.

            Le message du film ne se cache pas dans l’anecdote, ni principalement dans la signification des scènes. Le contenu du film est dans la peinture de la toile, la lenteur des images, la bouleversante intériorité du jeu des acteurs. Le jugement de Jésus chez Pilate, le pardon murmuré accordé à la femme adultère sont des scènes inoubliables. Rabah Ameur-Zaïmèche (dit “Raza”) a l’art de mettre en scène la beauté, la présence. Le climat de son film est du pur évangile. Tourné en Algérie, entre autres avec les gens du bled, diffusé à notre époque de grande cruauté, ce film se reçoit comme une déclaration de pur amour, celle-ci faite aux chrétiens d’Europe et d’ailleurs. Message inespéré, venant à point. Merci, Rabah. 

o

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commentaires

B
J'irai voir ce film. J'ai lu quelques analyses, critiques et vu un extrait, car on trouve tout non pas à la Samaritaine mais sur le Net. Borges, dans "Fictions" a un excitant chapitre "Trois versions de Judas", où un théologien fou va beaucoup plus loin dans la réhabilitation de Judas.
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