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30 décembre 2007 7 30 /12 /décembre /2007 17:21

 

                                                                                                                                                                        Société                                                                                                                                     
        
                                          Le baiser de la mort

    C'est le génie de Sophocle, ou mieux la verve de Shakespeare qu'il faudrait avoir pour décrire ce qui est survenu au Royaume de France : la réception à la cour d'un grand chef bédouin venu de Lybie, suivi des siens. Un tyran ambitieux, rusé fantasque et voyou. Dans les jardins de l'Hôtel Marigny, à deux  pas du Louvre, il a planté ses tentes, déployé ses tapis, installé sa suite. En forme de couronne plate, un bonnet lui enserre le front ; sous sa gandoura on ne sait s'il est nu. l'homme fut beau, il a 65 ans, se tient droit et s'amuse. Le monde pour lui est un théâtre. Il visitera Versailles et fera une partie de chasse à Rambouillet.
    La population est aux fenêtres. Se souvient du règne de Louis XIV. De la visite au XVIIème siècle de l'ambassadeur du Grand Turc. De la pièce de Molière "Le Bourgeois Gentilhomme". Sauf que le Mamamouchi, cette fois, se montre lucratif. Gratifie son hôte Nicolas Un, en signant un contrat commercial de 10 Milliards d'euros.
     Une question d'éthique internationale se pose au pays.
     Une voix s'est élevée  dans le ciel de France, claire et pure. La voix d'une Antigone devant Créon. Une voix qui ose. Qui contredit le roi, désavoue sa décision de recevoir en son royaume le Grand Bédouin. On ne fait  pas l'honneur de sa maison à un despote malfaisant et cynique. L'hôte officiel de la France, en effet, enfreint chez lui les lois élémentaires de l'hospitalité. Condamne injustement des innocents venus de l'étranger pour le servir. Les garde au fond de ses geôles des années entières. Tolère qu'on les maltraite. Les vend comme de la marchandise en échange d'une fortune. (L'équivalent de ce qu'il a dû verser pour l'explosion terroriste d'un avion de ligne de la compagnie U.T.A.). Pas davantage -cette fois du côté français, l'on ne reçoit comme un prince un voleur d'otages, après lui avoir payé la rançon. Cela ne se faisait pas, même aux temps barbaresques.
    La voix qui s'élève pour le dire est celle d'un ministre du roi. Et ce ministre est une jeune femme couleur ébène, jolie comme un coeur. Et sa voix dans notre vieux pays, prend des accents antiques et nouveaux :
"Notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'esuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir le baiser de la mort."
    Notre héroïne, Rama Yade-Zimet, musulmane, a 31 ans. Elle est mariée au fils d'un chanteur yiddish, Ben Zimet. Fille de parents enseignants, sénégalais, elle a fait Sciences-Po Pari. Nicolas Un, qui lui a dit deux mots, l'a maintenue dans ses fonctions de Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme. Commentaires de la belle héroïne :
"On ne déserte pas en rase campagne".
     Il y a quelque chose de nouveau au royaume de France
.
                                                                      o

  

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30 décembre 2007 7 30 /12 /décembre /2007 16:28

 
                                                                                                                                                             Société

                                                       Téléphone Mobile

   Le temps a changé. A l'aube des années 60, l'automobile était à la mode. L'Austin-Martin. La voiture de sport. Le grand chic était de conduire pieds nus (Sagan). De s'offrir de temps en temps un vol plané spectaculaire. Ou même de ponctuer son oeuvre littéraire par un accident mortel (Camus 1960, Roger Nimier 1962). ça vous avait du style.
    C'était un luxe de riches, de gens arrivés. Le bon peuple, pour sa part, a dû longtemps se contenter de peu : de porte-clés, de scoubidous, de pin's. Son seul bonheur, s'il en avait un, résidait dans un vif sentiment d'être soi. De respirer dans l'espace temporel du désir en suspens. Celui-ci constamment tenu en éveil, car toujours incertain de trouver l'objet de sa convoitise, ou l'objet familier. (Sera-t-elle là ? Un fait nouveau sera-t-il survenu ? etc). Autrement dit peu de choses, si ce n'est une forte sensation d'exister, dans une vie qui laisse place au temps différé. Certains diraient : à la différance.
    Depuis les années 60, heureusement, les classes populaires, elles aussi se sont enrichies. Le téléphone mobile est aujourd'hui un bijou démocratique. Il captive même, peut-on remarquer, le regard et la main des nourrissons. Mieux encore, c'est un gadget parfois utile, voire nécessaire aux activités à flux tendu auxquelles certains d'entre nous sont voués. En usent à bon escient  par exemple : les chauffeurs de taxi, les artisans, les agents de police et les amants.
   Cet objet précieux, en forme de petit pénis, sert également de hochet. Il brille, sonne, se laisse manipuler aisément, remplace enfin, à son avantage : le lapin, le kiki, la bouteille d'eau d'Evian et le nounours en peluche (surtout en présence des autorités hiérarchiques). L'exhibition de l'objet s'avère toutefois indispensable à qui  entend  s'inscrire résolument dans la modernité. Plus vous téléphonez, de préférence en public, à voix haute, foulant la chaussée d'un pas pressé, plus s'enfle en vous la conviction que vous êtes une personne importante, c'est à dire branchée. 
    Reste à savoir à qui téléphoner. Et pourquoi. La question du pourquoi est à vrai dire sans objet, étant donné qu'il s'agit seulement de prononcer "c'est moi", d'informer qu'il s'agit d'un simple coucou, ou d'annoncer qu'on arrive, de conclure en disant "Salut", ou "A plus", et de cliquer. Vous n'avez plus à penser à votre correspondant, à l'espérer, à le rêver ; vous l'avez. La rencontre fera l'économie de la surprise, de la nouveauté. Se passera des préliminaires "Qu'est-ce qu'on mange ?".
   La question du destinataire est en revanche cruciale et tourmente principalement les adolescents. Il n'y a pas lieu de les plaindre. Ils trouvent rapidement la solution : ils appellent maman. Jamais dans l'histoire du monde les jeunes gens n'ont autant appelé leur maman. Celle-ci réjouie de trouver là un substitut commode et inespéré de ce que l'on appelait jadis le lien ombilical. L'exogamie ne fera plus loi dans l'espèce humaine. On est si bien ensemble, et tout le temps.
                                                                                                o

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18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 17:50

                                                                                                                                                        Société 

                                                Entre Charybde et Scylla 


    Neuf milliards d'humains peupleront la Terre dans quarante ans. Il faudra les nourrir. Accroître par conséquent la production agricole de moitié. Ceci par deux moyens : 1. En améliorant (encore plus) la productivité. 2. En élargissant la surface des terres cultivables. En face de cette double nécessité, un fait de mauvais augure en indique l'urgence : cette année (2007), les stocks alimentaires mondiaux se sont pratiquement épuisés. (Et le prix du blé d'un coup a doublé).
     Pour augmenter la productivité des champs, s'imposeront des usages redoutés ou déjà réputés néfastes : le recours à des semences génétiquement modifiées et, pour refertiliser des sols épuisés, à des engrais polluant les rivières et les nappes phréatiques.
     Pour augmenter le territoire des surfaces cultivées, il faudra détruire des millions d'hectares de forêts carboniphages. Se priver par là des grands poumons de la Terre. Une terre très vite irrespirable.
     Entre le Charybde de la démographie et le Scylla du réchauffement climatique, je vois notre monde mal parti. Fatal, le double écueil évoqué apparaît de surcroît dans l'analyse d'autres domaines subordonnés au précédent. Notamment dans le rapport de la croissance économique  et la raréfaction des ressources énergétiques. D'autre part dans celui du partage des richesses naturelles et la paix des nations. A moins que ne survienne auparavant l'Apocalypse.
     On va me soupçonner d'être un rien pessimiste
.  
                                                                       o    

 

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