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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 07:28

Société

 

 

Une condition pour rire à deux

 

 

            La liberté de conscience. Le droit d’exprimer librement sa pensée. De la traduire dans l’espace public fusse au moyen de caricatures irrévérencieuses et drolatiques. Cette liberté, les citoyens de notre pays l’ont conquise et nous en sommes fiers. L’amour de la liberté est devenu un trait caractéristique de notre âme. Nous nous sommes levés par millions pour en témoigner sous le regard du monde. Le bonheur que nous en retirons nous fait oublier, je le crains, un aspect de la réalité. “Pour rire à deux, fait observer Bergson, il faut être de la même paroisse.

            Nous sommes incorrigibles, nous autres Français, dans le penchant que nous avons de nous croire universels. A penser que nos lois sont la vérité du monde. Cette conviction implicite, ne l’oublions pas, justifia naguère le colonialisme et les ambitions missionnaires. Aujourd’hui, je sais, la force uniformisatrice et globalisante du marché, aux entités nationales fait de l’ombre. Nous cache le fait que nous ne sommes, politiquement, qu’une localité singulière. Or nous raisonnons, dans ce que j’entends, comme si les ressortissants du Yémen, d’Arabie et autres nations appartenaient au même champ culturel –à la même paroisse que la nôtre. Tolérons-nous la liberté d’expression jusqu’à autoriser la profération du blasphème ? Celui-ci dans ces contrées est puni de mort.

            Nos enseignants, qu’avaient-ils au juste à expliquer en classe, qui pouvait être reçu par tous leurs élèves ? Rien d’autre en somme qu’une pensée de Pascal ou de Montaigne. Que la vérité, en deçà des Pyrénées, n’est pas la même au-delà des montagnes et des océans. Que le droit dans notre pays est ce qu’il est et que nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux. Mais que ce droit, ailleurs, est différent. –Comme nous le rappellent l’imam de l’université égyptienne El Azar et le mollah de Téhéran. Ce qui à nos yeux semble un acte de guerre paraît chez eux un acte de simple justice. Autant le savoir. Un savoir élémentaire, il est vrai. Mais qui devrait nous permettre d’évaluer mieux la portée de nos actes. Soyons Charlie, mais responsables. Au service de la paix, de la vérité, de la vie. Dans l’espoir, un jour lointain, de pouvoir rire ensemble.

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 18:04

Société

 

Tombouctou sur Rhône

 

            Métro de Lyon. Carla et moi debout. Tenons la barre. Arrêt. Une large main, au dessus de la mienne, se cramponne. Elle est brune. Vêtu d’une djellaba, l’homme porte un turban bleu.

            –“Le turban des touaregs,” je susurre à l’oreille de Carla.

            L’homme m’entend. Nous sourit. –“Je suis touareg”.

            –“Nous venons de voir le film “Timbuktu”.

            –“Je suis de Tombouctou…dit l’homme. Echange de regards fraternels.

            Lui :     –“Vous avez aimé ?

            Nous :  –“Un peu soft… Sourires.

            Le grand nomade descend à la station Opéra.

 

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 13:13

Société

 

Le Djihadisme (2)

 

        Le djihadisme, en d’autres termes, est l’éclatement d’un anachronisme de l’Histoire. Le heurt tectonique que produit le surgissement d’un continent enfoui, en sommeil depuis le 14ième siècle. Qui se réveille à l’ère d’Internet, du libéralisme économique mondialisé, du réchauffement climatique, du triomphe de l’individu et de la fin du patriarcat.

 

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 18:42

Société

 

Nastia-001.jpg

La petite nièce de Carla à Moscou 

 

Le Djihadisme  (1) 

 

Le djihadisme tel qu’il se déploie en ce début du siècle

est une conjonction planétaire

via internet

du manque, du ressentiment, de l'anachronisme, et de l’idéal.

 

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Nous sommes

CHARLIE.

 


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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 12:06

Société

Charles Edouard Bouée

François Roche

“Confucius et les automates”

Ed. Bernard Grasset, 2014

 

 

          “Au cœur du nouveau monde qui se profile (entièrement privatisé) trône, sachez-le, l’Omniscient GAFA. Cette créature singulière est dotée de quatre têtes : GOOGLE, APPLE, FACEBOOK et AMAZON. Son cousin chinois, BAT, en comporte trois : BAÏOU, ALIBABA, TENCENT. Comment concevoir la place de l’homme dans ce futur monde de robots et d’objets connectés, contrôlés par des puissances anonymes” ?

            “Automatisme + microélectronique + nanotechnologies + numérisation + internet : les cinq doigts de la main invisible de la connexion ”.

            “BIG DATA : le pétrole de demain” .GOOGLE, la nation dominante.  

            “INTERNET, c’est l’Histoire d’une conquête coloniale. Cet écosystème économique sera le plus puissant du monde”.

            “Le téléphone mobile sera la télécommande de la vie de l’homme digital”.  

            “Dans ce monde, si c’est gratuit, c’est que tu es le produit”.

            “On ne vend plus une marchandise à un client, mais un client à un annonceur”.

            “Quand le temps, c’est de l’argent, la vitesse devient un impératif absolu, pour les affaires”.

            “Chômage : pour le première fois dans l’histoire de l’économie mondiale, une révolution technologique n’est pas synonyme de progrès social”.

            “Il ne s’agit- pas de savoir comment les objets numériques vont changer notre façon de vivre. Mais comment ils vont transformer la nature de l’être humain”.

            “Comment éviter le risque, à moyen terme, de ne laisser à une majorité des être humains que le rôle de supplétifs des robots ?”.

            “Le robot par chance ne rigole pas, il travaille. Il ne joue pas, il fabrique. Il n’est pas solidaire, il est connecté. Cela laisse à l’homme des champs où démontrer qu’il a sa place”.

            “Ferons-nous de notre pays “Le sanctuaire des sages ?””.

            De toutes façons, comme le dit Confucius : “A long terme nous serons tous morts”.

 

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19 décembre 2014 5 19 /12 /décembre /2014 08:32

Société

 

De l’antisémitisme

       

       “L’antisémitisme n’est pas un problème juif : c’est notre problème.”. En caractères majuscules, cette sentence illustre la couverture du dernier numéro de Télérama. Cette phrase de bonne volonté, et dont Jean-Paul Sartre lui-même est l’auteur, n’en est pas moins une sottise. Désirant désamorcer l’antisémitisme, elle prend le risque de l’exacerber. Qui chercherait à jeter de l’huile sur le feu ne s’y prendrait pas autrement.

            Notons en effet l’opposition, étrangement marquée, et que sans doute l’on voudrait nier, entre “eux” et “nous”. Qui est cet “eux”, différents de “nous” ? Ce sont les juifs. En quoi consiste cette différence ? En ceci : nous avons un problème. Pas eux. L’antisémitisme, selon Sartre, n’est pas un problème qui se pose (et s’impose) aux juifs. L’antisémitisme, tout simplement, ce n’est pas leur problème. C’est en revanche le nôtre. Le nôtre à leur égard. L’assertion de Sartre : “L’antisémitisme est notre problème” est donc une proposition vraie.

            Question : Est-il possible pour autant que ce problème, lequel nous turlupine à leur sujet depuis quelques millénaires, ne soit pas aussi celui des juifs ? Le leur véritablement, au sens qu’ils ont à tenter, tout comme nous, de s’efforcer d’y apporter une réponse ? En termes simples, y seraient-ils aussi pour quelque chose, voire un tout petit quelque chose, dans la question qu’ils nous posent ? Une question qui, de se voir simplement formulée, explique sans mystère des faits sociaux millénaires. A savoir : comment les juifs peuvent-ils se montrer fraternels aux autres humains quand, se constituant rituellement, biologiquement et juridiquement comme peuple séparé, ils revendiquent un destin différent de celui des autres humains ?

            Je ne suis pas certain que nos amis juifs se montrent satisfaits de s’entendre dire, fût-ce par Jean-Paul Sartre, que l’antisémitisme n’est nullement leur problème. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, désireux de soulager l’âme juive, notre philosophe va plus loin. La thèse qu’il expose dans son ouvrage “La question juive”, soutient tout simplement que “le juif” n’existe pas. N’est en somme qu’une construction de notre esprit. Notre bon samaritain tue symboliquement la victime qu’il désire consoler.

            Notre problème, -notre problème commun-, se tient dans l'énoncé de la question indiquée plus haut, que nous avons refoulée.

 

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 15:43

Société

 Il suffit de lire la presse

  

           Un conseil d’administration accorde le droit de vote à un ordinateur.” Cette information significative parue dans le Monde d’aujourd’hui, étaie le propos publié ici même dans l’article qui précède (“la Faute d’Heidegger”). Nous soutenons la thèse que le développement technologique menace de porter atteinte, si l’on n’y veille, à notre humanité. Nous ne résistons pas au désir de vous rapporter, pour votre gouverne, un petit extrait de l’article dû à la plume d’Annie Kahn, paru dans Le Monde, ce 3/11/14.

           Le rôle de cet ordinateur, comme celui de ses collègues humains, est d’estimer s’il est judicieux d’investir dans une jeune société de biotechnologie et à quel prix”. Des commentaires suivent. “Les gens sous-estiment massivement l’impact que les techniques analytiques modernes combinées aux masses de données disponibles vont avoir sur leurs entreprises et sur la société (…).” “Les ordinateurs menacent désormais 47 % des emplois aux Etats-Unis, estiment Carl Benedikt Frey et Michaël Osborne, deux chercheurs de l’Université d’Oxford. Selon une étude de MGI, ces logiciels sophistiqués pourraient remplacer 140 millions de travailleurs du savoir dans le monde, équivalent temps plein. Si les dirigeants veulent être épargnés, ils devront développer de nouveaux comportements.” A cette évocation d’un nouveau style de management, notre journaliste se veut optimiste : “Plutôt une bonne nouvelle”, conclut-elle. On admire la chute.

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 20:05

Société

La faute d’Heidegger

 

            J’ai je crois compris la raison qui inclina Martin Heidegger, au siècle dernier, à commettre une faute. Une faute inexpiable que l’on a encore du mal de nos jours à lui pardonner. Le philosophe allemand, on le sait, adhéra un moment au parti nazi. De cette faute, peut-être également ai-je compris la raison pour laquelle Heidegger ne s’est jamais expliqué : Cette raison est inscrite dans son œuvre. Elle résulte d’une part des circonstances historiques, et d’autre part du meilleur de sa philosophie. Une raison qui malheureusement interroge notre époque.

            Heidegger connaissait l’angoisse. Ce sentiment sans visage qui naît de la peur de la mort. Note : Tout être vivant éprouve le réflexe de défendre sa peau. Eprouve également la volonté organique de “persévérer dans l’être”. En somme, la majorité des humains connaît la peur de la mort. Mais pas tous. (J’en connais un, au moins, qui craint certes le désagrément probable de l’acte du mourir. Mais n’éprouve nulle angoisse à l’idée d’être mort. “Avant d’être conçu, songe-t-il, je n’étais pas. Je n’en garde nul mauvais souvenir. Après ma mort je ne serai plus. Je n’aurai nul motif de m’en plaindre. “Je n’aurai, de surcroît, jamais plus mal aux dents”). Heidegger connaissait l’angoisse de n’être plus. Etait, je présume, de ceux qui s’effraient à l’idée du néant. De ceux que hante la question métaphysique par excellence énoncée par Leibniz : “Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?”. Laquelle ne comporte pas de réponse démontrable sauf à faire appel aux fables qu’imaginent les religions. L’univers existerait-il vainement ? “Vanité des vanités. Tout est vanité”, comme le dit l’Ecclésiaste” ? Notre personne humaine, cette petite merveille au sein de l’univers, serait-elle née pour rien ? Cette question sans réponse, source d’angoisse par conséquent, doit cependant être posée, pense Heidegger. Non seulement, comme le dit Socrate “une vie sans examen n’est pas une vie vraiment vécue”, mais encore appartient-il aux humains, à défaut d’un sens qui leur soit octroyé, de décider eux-mêmes, à partir de ce déficit, de proposer un sens commun à leur destin. De se forger, autrement dit, de bonnes lois pour vivre ensemble.

            Or cette question de l’être et de son pourquoi, à partir de laquelle peuvent se décider les conditions d’une vie bonne a été oubliée, estime Heidegger, par le monde moderne. Lequel a même oublié qu’il l’avait oubliée. Il s’en suit que “les humains font leur histoire sans savoir qu’ils la font”. Et sans même imaginer, apparemment, qu’ils la font mal.

            A quoi pense donc le monde moderne ? Sous l’empire du pouvoir de la science et de l’économie, le monde moderne ne pense aucunement au pourquoi. Il pense exclusivement au comment. Au comment des choses. Au comment faire marcher la machine techno-économique qui s’impose à la marche du monde, afin d’obtenir un rendement maximum.

 

                 “Facebook offre à ses employées

              le financement de la congélation d’ovocytes.  

Apple fera de même à partir de Janvier 2015.”

(Journal Le Monde, le 27 octobre 2014)

 

 Le maître-mot de nos sociétés, est celui de la croissance. Il s’agit pour elle de croître en compétence afin de produire davantage. Produire plus et plus vite par les moyens concourants de l’investissement, de la concurrence, et d’une innovation à marche forcée. Consommer plus en multipliant le nombre des humains qui peuplent la Terre. Ceux-ci réduits à l’état de producteurs-consommateurs dociles. Enfin par le moyen d’étendre au maximum le périmètre du marché, celui-ci devenu mondial, en supprimant autant qu’il est possible tout ce qui peut constituer un obstacle ou un frein à la multiplication et à la rapidité des échanges : douanes, frontières, lois nationales, langues, coutumes, particularités culturelles, etc. Devant cette dérive de la société humaine où prévaut la technique, où disparaît formellement tout projet humaniste, Heidegger s’affole. Bien après la guerre, répondant à un  journaliste du Speigel, notre philosophe (qui ne croit pas en Dieu) a ce mot : “Seul un dieu peut encore nous sauver.” ! Avant la guerre, dans les années 30, Heidegger visionnaire voit se profiler le danger de cette grande dérive non-humaniste. Il l’aperçoit depuis le cœur de l’Allemagne laquelle commence à se relever de la défaite humiliante de la guerre de 14. Au centre de la Mittel Europa, l’Allemagne paraît à ses yeux prise en étau entre deux modèles déshumanisants dominés par la technique, dont elle ne veut pas : Le libéralisme américain qui privilégie l’individu, et l’étatisme soviétique qui privilégie le collectif. Le premier assujettissant l’individu par la séduction, le second par la coercition. C’est le moment où apparaît en Allemagne un homme autoritaire et probablement fou qui propose à son peuple un rêve. Un rêve d’identité, de grandeur, et d’enracinement dans l’imaginaire d’une race et d’une terre ancestrale. Un chef, un peuple, une terre, une ambition. A ce chef, en la circonstance, Heidegger a t-il eu un moment la faiblesse de faire allégeance, à l’instar de beaucoup d’autres citoyens ?

            C’est l’hypothèse que je forme, à un moment de notre histoire où l’empire de la technique se déploie avec une candide insolence. La problématique du comment et du pourquoi repérée par Heidegger dans les années 30 demeure à mes yeux actuelle. L’équivalent de l’apparition du phénomène nazi pourrait aujourd’hui resurgir en Europe.

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 16:14

Société

D’où parlons-nous ?”

ou

”Le dialogue impossible”

 

            Deux hommes intelligents, estimables, l’un dit de droite, l’autre de gauche, échangent à la télévision leurs points de vue sur un fait de société. Les deux hommes souffrent. Ne s’entendent pas. Sont près de se haïr. Leurs points de vue sont incompatibles. Le spectateur, devant son écran, éprouve de la peine à les départager. Jusqu’au moment où, sur la fin de l’émission, le dialogue en deux phrases se fait plus personnel.

            A ce moment-là, à mes yeux, le débat s’éclaire. Les deux hommes ne parlent pas depuis le même lieu. Le premier, m’apparaît-il, est arrivé en riche dans la société française, laquelle l’a bien reçu. En France, il est aujourd’hui “chez lui”. Pays envers lequel il éprouve un sentiment de gratitude pour le don d’accueil qui lui a été fait. Le second, dans sa jeunesse, est arrivé dans ce pays en pauvre. La société française ne l’a pas bien reçu. Du moins le laisse-t-il entendre.

            Dès lors, la question dont ils débattent n’est pas vue du même endroit (du même vécu). Il en résulte deux points de vue existentiels effectivement différents. D’où découlent logiquement deux discours antithétiques. L’un, en gros, préconise le respect des coutumes et des lois qui régissent le pays d’accueil. L’autre, le droit universel de s’y conduire comme chez soi.

Le cadre dans lequel s’inscrit ce dialogue de sourds prend la figure du croisement d’une double tension (schéma ci-dessous). L’une, verticale, s’exerce en chaque locuteur entre son adhésion à la déclaration des droits de l’homme et le rapport de force naturel qu’il entretient normalement avec son contradicteur. L’autre tension, horizontale, entre les pôles antagonistes des deux discours. Discours que je spécifie –et en cela sans doute vais-je surprendre– comme étant d’un côté le discours du “résident riche”, et, de l’autre le discours du “migrant pauvre”. Cette pauvreté étant réelle ou imaginaire.

            D’où parlons nous ? Telle est la question primordiale. Nous nous méconnaissons. Plutôt que discuter, confions-nous d’abord, humblement et réciproquement, le parcours singulier de notre histoire. Il est le lieu d’une parole légitime, recevable. La politique ne commence qu’après. J’enfonce une porte ouverte ?

 

 

          ------------------Déclaration des droits de l’homme--------------------------

                                                                  —            

Discours du                        |                                  Discours du

                         •––––––––––––––––––––––––¢

résident riche                    |                                   migrant pauvre

                                                ˜

-------------------------Rapport de force normal------------------------------

 

 

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 10:13

Société

 

La personne ou la vie

 

          Au commencement était la horde. “La horde primitive”, imagine Freud. Le chef exerçait son empire. Le mâle dominant. Le plus musclé, le plus redoutable de la bande. Le chef absolu. Lui seul avait le droit, comme chez les cervidés, de s’approcher des femmes. Les fils se révoltèrent, s’allièrent, firent la peau au père, crièrent victoire. Jusqu’à découvrir qu’ils se trouvaient désormais en situation de rivalité. De rivalité structurelle. Comment allaient-ils se partager les femmes ? Eviter un conflit fratricide permanent ? Afin de survivre, les humains eurent une idée. Etablir un pacte. Ils inventèrent la loi. L’interdit du moins qui fonde la loi : “Tu ne tueras point”. Nécessaire devint l’échange de paroles. Le principe du droit était posé. Un principe arbitraire, mais assurément efficace. On lui doit la survie de l’espèce humaine. Ce pacte donc préserva la vie. La vie du humaine du moins. L’être humain parmi tous les vivants étant le seul qui, en droit, ne puisse être tué. La religion y poussant, cet interdit devint un principe sacré. A savoir intouchable. C’était le piège. On idolâtra la vie. Sans considération pour les conditions de son existence. Celles-ci entraînassent-elles la souffrance, la déchéance, l’insignifiance, l’humiliation de la personne humaine. On s’entêta. La loi fondamentale, “Tu ne tueras point”, s’accompagne aujourd’hui encore, dans la pensée de certains, d’un terrifiant corollaire : Qu’importe la personne pourvu qu’on ait la vie”. Quelque chose semble s’être déréglé au royaume du sens.

 

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