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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 09:02

Politique

 

Le combat invisible

 

            Un combat invisible se déroule au-dessus de nos têtes et dans l’obscurité de conduites souterraines. Nous n’en percevons que les effets. A savoir le grand trouble qui sévit dans l’imaginaire social. Les lignes de partage qui permettent la lecture et le déploiement des stratégies politiques semblent avoir disparues. La gauche au pouvoir paraît passée à droite. Le parti d’extrême droite devient majoritaire grâce au soutien des voix d’une partie du peuple de gauche. Le pays entier, privé de la motivation qu’éveille un grand projet, se détourne néanmoins de l’Europe. Que se passe-t-il ? Nous n’y comprenons rien. Faire apparaître la vérité de ce qui se produit, au-delà de nos déconvenues journalières, nous rendrait-il moins bébêtes ? Or peut-être vivons-nous, du point de vue politique, un moment déterminant de l’Histoire. Un moment dont les termes ne sont nullement nouveaux puisqu’ils désignent le conflit implacable que se livrent l’Etat (l’état démocratique) et le Capital. Jamais aux yeux des peuples n’est apparu aussi crûment qu’aujourd’hui le fait de la malignité des banques et celui de la toute puissance de l’argent. L’argent gouverne le monde et n’entend point être gouverné. Les banques triomphent. Sont devenues plus riches que les états. Devant elles, qu’ils soient dirigés par des gens de droite ou de gauche, les états filent doux. Auprès de qui, afin d’éponger leurs dettes, emprunteraient-ils de l’argent ? Si ce n’est auprès d’elles ? Les états peuvent jouer les gros bras, proférer des menaces, ils sont les sujets, les obligés de la banque. Il faudrait une révolution, disions-nous naguère. Les conditions de celle-ci ne sont pas réunies. Une solution historique, par chance, se présente devant nous. Celle de devenir une grande nation. Un état puissant comme le sont les Etats-Unis, capable de faire face au pouvoir des banques. C’est la raison pour laquelle, mes frères, il nous faut absolument, désormais, face au libéralisme mondial, enfin devenir l’Europe. Et y reprendre le pouvoir. Une belle motivation.

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 20:06

enlevement europePolitique

Europe a disparu.

 

          La mythologie grecque est formelle. Europe nous vient d’Orient. Du proche-orient. Europe est une cananéenne, du pays de Tyr, au Liban. Autant dire une phénicienne. Une fille de très haute lignée puisque son père, Agénor, était le fruit de la rencontre d’un dieu, Poséidon, et d’une femme humaine, Libye. Plus haut dans son ascendance, pour comble, figure un autre dieu, Zeus, qui lui-même s’était amouraché d’une simple mortelle, Io, jolie comme un cœur. Le dieu des mers et le dieu qui règne sur le monde : la généalogie d’Europe vous a cette allure. Et son père, riche fermier, possède non loin de Tyr de vastes troupeaux. Les voir paître indolemment sur le flanc des collines au bord de la mer est un vrai bonheur. Europe, vous pensez bien, est une fille qui sent bon, et une fille superbe. Zeus, l’éternel polisson qui passait par là s’éprend d’elle. Cette jeune fille qui cueille des marguerites dans les près au milieu des troupeaux exerce sur lui un effet irrésistible. Lui rappelle également quelque chose. Lui rappelle Io, précisément. Cette fille qu’il avait tant aimé qu’il avait dû la changer en vache pour se protéger, quoiqu’en vain, des soupçons d’Héra, sa femme jalouse. Pour se venger, celle-ci avait persécuté la  génisse. Un taon était chargé de la piquer partout où elle allait. Elle avait ainsi parcouru, notez-le bien, l’espace du monde alors connu des anciens grecs. Une façon de circonscrire un territoire.

            Zeus en a-t-il tiré la leçon ? Cette fois, dans sa relation avec Europe, c’est lui-même qu’il travestit. Le dieu prend la forme d’un taureau. Un jeune taureau tout blanc, tout bouclé, mignon à croquer. Le voilà dans le pré. On joue, on cabriole. La voici là juchée sur son dos. De sa main droite, elle s’accroche à une attendrissante petite corne. De sa main gauche elle serre son bouquet de marguerites. On galope vers la mer. On pénètre dans les flots. Zeus emporte Europe vers l’ouest, vers la Crête.

            La fête semble-t-il s’achève là. Le dieu se révèle bestial. Pratique l’amour vache. Leurs rapports amoureux ressemblent à un viol. La liaison ne dure que le temps de mettre au monde trois garçons. Peut-être des jumeaux dont l’un, bien connu de nous, a pour nom Minos. Celui-ci devient roi de l’île, épouse une certaine Pasiphaé, mère de Phèdre. Une héroïne familière devenue bien française avec le vers de Racine : “La fille de Minos et de Pasiphaé”.

            Pour garder le fil de mon propos, je passe sur des choses très insolites qui se déroulent dans cette île et qui, encore une fois, concernent des histoires de bovins (une vache artificielle, un nouveau taureau blanc que l’on voit sortir des eaux, et un être hybride, un certain Minotaure doté d’un corps d’homme et d’une tête de taureau). Je passe sur ces choses. Car la grande nouvelle qui concerne Europe, est la nouvelle qu’elle a disparu. Dans les récits mythologiques, plus un mot ne la concerne. Si ce n’est qu’on la cherche partout. Ce “On” ne désigne pas ses trois fils, mais ses cinq frères. Phoenix, Cilix, et Cadmos notamment. Europe, la disparue, est alors celle qui incite à la recherche, au voyage. Incite par son absence à explorer des territoires, mais aussi à opérer, chemin faisant, des fondations (sanctuaires, communautés, temples, colonies). Partis à la recherche d’un corps, les cinq frères semblent des missionnaires qui se font des compagnons et investissent dans leur monde nouveau. Phoenix s’est dirigé vers l’Ouest, a traversé l’Egypte, la Libye, jusqu’à Carthage. D’autres s’aventurent vers le nord, l’Anatolie, la mer Noire, la Thessalie. Cadmos, qui nous intéresse particulièrement, va consulter l’oracle de Delphes au cœur de la Grèce. “Où se trouve Europe ?” demande-t-il à la pythie ? Là, ouvrez bien l’oreille. Il n’est pas dit que le propos de la vieille folle qui nous écoute à peine au milieu des parfums ne nous soit pas un peu profitable. “Renoncez à chercher celle que vous cherchez”, leur laisse-t-elle entendre. “Suivez en revanche une vache, et fondez une ville à l’endroit où celle-ci se laissera tomber.” Une plaisanterie ? Une leçon de morale genre “Prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins” ? Avec cette nouvelle histoire de vache, en tous cas, l’oracle vous remet les pieds sur terre. S’inscrit dans le registre culturel du pèlerin qui le consulte. Tout comme dans le registre de la mythologie bovine dont s’entoure le personnage d’Europe. Cadmos, ardent, achète une vache. Pas la première venue. Mais une vache ornée d’une lune blanche sur chaque flanc, comme l’avait été Io, sa très ancienne aïeule (la marqueuse de territoire), dont le nom signifiait : Lune. Sa nouvelle bête, Cadmos la mène vers l’Est. Traverse la Béotie. Bientôt la bête s’effondre. On est à l’emplacement où le frère d’Europe va fonder la ville de Thèbes, dans laquelle Œdipe sera roi. Il peut être utile ici, pour notre gouverne, de nous montrer attentifs à l'identité des auspices entre lesquelles Cadmos dut prendre parti pour fonder la cité. 

             La fondation de Thèbes  

            Ce dont doit triompher Cadmos afin de fonder Thèbes, c’est avant tout de l’hostilité d’un redoutable dragon au service d’Arès, le dieu de la guerre, lequel promeut l’autochtonie. Pour offrir à Athéna le sacrifice rituel, préalable à la fondation d’une ville, l’accès à l’eau de la source voisine doit être autorisé. Or le dragon d’Arès en interdit l’accès. Les compagnons de Cadmos qui s’en sont approchés ont été massacrés. Sous le poids d’un énorme rocher, notre héros phénicien brise le crâne du monstre. Athéna apparaît, remercie. Ordonne de semer en terre les dents du dragon. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les Spartoï, les “Hommes semés”, autrement dit les autochtones, jaillissent de terre tout armés et hostiles. Au milieu d’eux, malin, Cadmos lance une pierre. Ils s’entredéchirent et s’entretuent. Cinq seulement survivent. Parmi eux, Chtonios. Et d’un commun accord offrent leurs services. Venus d’ailleurs, les fondateurs de la ville se rangent du côté d’Athéna, déesse de la paix. Les “Hommes semés”, du côté d’Arès, le dieu de la guerre. Il faut savoir choisir.

            En ce jour d’élection où se joue l’avenir de l’Europe, c’est peut-être en effet entre ces deux divinités qu’il nous faut choisir. Sachant qu’Europe n’est pas un corps qui se donne. C’est lorsque l’on ne la voit plus qu’elle existe. Par les chemins qu’en son nom l’on parcourt. Par les oracles que l’on interroge. Les récits que l’on se raconte. Les temples et les cités que l'on édifie. Et quand, peu à peu, grâce à tout cela, un territoire commun se dessine...

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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 18:28

   Politique


Charlemagne-by-Durer   

 

Charlemagne  

 

            En 814, il y a 1200 ans, mourait Charlemagne. C’était en Janvier. Cet anniversaire –l’aurez-vous remarqué ? passa inaperçu en Europe. Dans l’Europe en crise qui se découvre un rival à l’Est et hésite à devenir un continent politiquement unifié. Rechigne à réaliser un rêve qui s’éveilla dans la conscience du Preux Souverain au cours de ses 46 ans de règne. (22 ans au titre de roi des Francs, 14 ans en tant qu’empereur d’Occident).

            Sans doute eût-il aimé que l’on dise “l’Empereur romain d’Occident”. Ceci face à Constantinople, la byzantine, capitale de “l’Empire romain d’Orient”, qui se voulait “La nouvelle Rome”. Entre Charles et l’impératrice Irène (qui l’aurait pris volontiers pour époux) il y avait en effet Rome, cet objet de rivalité. La Rome de l’Eglise et de la papauté. Qui des deux pouvait se prévaloir d’être le protecteur reconnu du Souverain Pontife ? Telle était la question. L’enjeu étant de se présenter comme ayant avec soi le vicaire de Dieu, du vrai Dieu. Ceci dans le moment où la pression arabe se faisait sensible aux deux extrémités de la Méditerranée, au Proche-Orient (en Anatolie) et en Espagne à la frontière des Pyrénées.  

            A quoi sert un dieu, politiquement ? A réunir un peuple et son souverain sous l’autorité d’un emblème commun. En somme à légitimer le pouvoir du prince, et la soumission du peuple à ce pouvoir. Charles, contre vents et marées, aura tout au long de sa vie cette fidélité : Respecter le pacte dit de Quierzy (aujourd’hui une petite commune de l’Aisne avec un vieux château). Un pacte de protection que son père, Pépin le Bref, signa en 754 avec le pape Etienne II. Charlemagne reste à mes yeux le Prince qui eut ce mot : “Je suis la chrétienté”. Les temps ont changé. Les sauvages saxons, ces païens qui idolâtrent la nature et les arbres, ont semble-t-il aujourd’hui leur revanche. Sont majoritaires sous nos cieux tempérés. Les Sarrasins quant à eux, sont devenus en nombre des citoyens dans les pays d’Europe. Sous quel emblème réunir désormais une population disparate ? Sous l’emblème du bien-être ? Du libéralisme ? De la protection sociale ? De la démocratie ? De l’hymne à la Joie ?

 

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 18:42

Politique

Trois pensées de Ploum

 

1. Une logique implacable.

           Quand les brioches et les croissants viennent à manquer, dans la tribu, on se refuse à manger du gros pain.” Telle est la logique qui a régit, suppose Ploum, la bouderie abstentionniste des opposants de gauche aux élections municipales françaises. Abandonnant ainsi l’exercice du pouvoir à la droite. Il est vrai, se console Ploum, que l’on se trouve en période de carême.

 

2. La Paix n’est pas pour demain.

            Dans les négociations pour la paix qui se déroulent au Proche-Orient, une exigence de M. Netannyahou oblige à se poser la question : Qu’est-ce qu’un peuple ? L’Israélien, comme on le sait, exige du camp palestinien la reconnaissance formelle de l’état d’Israël. Etant donné ce qu’a été l’Histoire, il paraît raisonnable de l’exiger. Mahmoud Abbas, le président palestinien, cependant s’y refuse. L’homme serait-il un gros vilain ? Non si l’on considère de très près la formule de reconnaissance qui lui est imposée. Selon elle, il s’agirait de reconnaître en effet, je la cite : “qu’Israël est l’Etat-nation du peuple juif”. En cette formulation aperçoit-on ce qui “cloche” (si j’ose utiliser ce terme chrétien) ? Il suffit, pour s’en rendre compte, de se demander ce qui adviendrait de la reconnaissance de l’état palestinien si l’on usait symétriquement à son sujet des mêmes termes. “La Palestine, découvrirait-on, est l’Etat-nation du peuple arabo-musulman occupant la Cisjordanie”. Dès lors, que deviendrait le droit civique des arabes chrétiens en Palestine ? Et le droit des arabes israéliens en Israël ? Là où le bât blesse, aperçoit-on, se situe dans l’introduction dans l’énoncé de la notion de peuple. Laquelle implique ici celle de race et celle d’appartenance culturelle et religieuse. On touche au fond des choses. La paix mes frères n’est pas pour demain.

 

3. Les crabes du nord

            La chose est entendue : le monde humain présente l’image d’un vaste panier de crabes. Un lieu fatal, où des êtres vivants s’agitent et s’agressent mutuellement, sans parvenir jamais à trouver, et pour cause, la formule d’un “bien vivre ensemble” collectif et durable. Ce constat affligeant serait de nature à nous désespérer si un cas particulier, mais largement répandu, ne venait nous rendre courage. Les pêcheurs des pays du nord en portent témoignage et vous le diront : les crabes et les araignées dont ils remplissent leurs paniers d’osier ne s’agressent ni ne se combattent. Pris dans la nasse, ils demeurent pacifiques et tranquilles. Ils nous donnent la leçon. A l’image des Norvégiens, des Suédois et autres Vikings, les crabes nordiques ont développé entre eux un esprit civique qui pourrait nous servir d’exemple. Là-dessus Ploum se pinça, histoire de se réveiller. C'est un gros dormeur.

 

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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 18:17

Politique

 

Et si François H. avait raison ?

 

          L’offre précède la demande”. Notre président, ai-je rêvé ? a prononcé la formule. Il l’a proférée devant la nation. Il annonçait par là, s’est-on étonné, un passage à droite”. Entendue sur le plan anthropologique la formule est effrayante. L’objet précède le désir qu’on en a. La marchandise commande le comportement des personnes. Fabriquez le portable, l’humanité demain couche avec. Nous sommes peu de choses. La chose des choses. Cette assertion n’est qu’une face de la vérité. Elle ne considère que la face avide et mimétique de l’être humain. Laquelle, quoi qu’en disent les libéraux, se trouve contrôlée par des pactes et des lois. Par la prise en considération d’un bien commun, condition de la survie de l’espèce. L’homme se révèle alors dans une autre dimension celle du politique. Il trouve là sa grandeur. C’est de ce point de vue du politique que l’économie peut devenir moins bête. Que la formule droitière, notamment, peut se voir inversée. Prendre la forme : La demande précède l’offre”. Théorie aussi opératoire que la précédente –que soutient la gauche peut-être avec trop de constance Embauchez, augmentez les salaires, fournissez ainsi au peuple les moyens de ses désirs : le carnet de commandes de l’entrepreneur se trouvera bientôt rempli, et le processus économique, au profit de tous, se verra relancé.

            L’idée simple que j’expose dans les lignes qui suivent, j’en ai conscience, enfonce une porte ouverte. Je ne l’ai toutefois jamais entendue proférer quelque part ni par quiconque. Elle reprend bonnement le propos du Qohelet dans le livre de l’Ecclésiaste, chapitre 3, verset 4. “Il y a un temps pour chaque chose”. Ce qui se traduit en termes économiques par la formule : “Il y a un temps pour investir et un temps pour consommer”. Un temps pour accorder la priorité à la demande et un temps pour l’accorder à l’offre. Sans que l’une ou l’autre initiative ne soit érigée en doctrine immuable et constante. Mais variant, en revanche, selon les exigences de la conjoncture. En vertu de quoi, en adoptant ce jour une stratégie de droite, le président pourrait avoir raison. Telle est l’opinion tacite, ce me semble, d’un nombre important de nos concitoyens. La France, d’un petit coup d’un seul, est devenue sociale-démocrate. Reste à savoir si le “Pacte de responsabilité” proposé par le chef de l’état, pacte dont les effets ne pourraient apparaître qu’à moyen terme, recèle des chances de réussir. Les dirigeants d’entreprise peut-on supposer, n’aspirent qu’à entrer dans le jeu. L’inconnue réside dans le comportement qu’adopteront les actionnaires, les propriétaires et les banquiers. Sauront-ils, dans ce Pacte, trouver leur intérêt ? La Phynance”, plus que jamais, gouverne le monde.

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Dans le quotidien Le MONDE

du 1er mars 2014

article du Monde 001

Aurais-je été piraté ? 

                                                                                  

                                                                                      Arnold

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 09:04

Politique

Isabelle Mandraud

“Du djihad aux urnes”

Stock, 2013

 

          Isabelle Mandraud, journaliste au Monde, est chargée de recueillir des nouvelles du Maghreb. L’occasion lui a été donnée de rencontrer un personnage qui mérite que l’on s’attarde à savourer en sa compagnie une tasse de thé à la menthe. Il s’agit d’un homme politique libyen qui fut dans les années 90 un compagnon de route de Ben Laden, sans toutefois appartenir à Al Qaïda. Abdelhakim Beladj, tel est son nom. Il est aujourd’hui âgé de 48 ans. Il fut l’émir (le chef) du G.I.C.L. (Groupement Islamique et Combattant Libyen) l’équivalent du G.I.A. (Groupement Islamique Algérien) mieux connu de nous. L’homme participe en 2011 à la libération de Tripoli dont il devient le gouverneur militaire. Il prend part ensuite, sans être élu, aux premières élections libres de son pays. Il se trouve aujourd’hui à la tête du parti qu’il a lui-même fondé, EL WATAN. On considère cet homme non seulement comme un modéré, mais un arbitre, un conseiller. C’est avec générosité qu’il accepte de s’entretenir longuement (plus de soixante heures) avec Isabelle Mandraud. “Islamiste”, l’homme assume et revendique cette nomination. Mais l’islamisme, entend-il faire savoir, se différencie d’Al Qaïda. N’est nullement le mouvement obscurantiste et fanatique que l’on veut nous faire croire. L’islamisme, soutient-il, est soluble dans la démocratie. Avant que de tenir aujourd’hui ce discours, le parcours que cet homme dut accomplir est hallucinant. abdelhakim belhadj

             En l’année 1978, un vendredi, jour de repos dans le pays des sables, une usine de produits alimentaires flambe. A tort, le père d’Abdelhakim est tenu pour responsable. La justice  de Mouammar Kadhafi le condamne à quatre ans et six mois de prison. Sa famille, qui compte 9 enfants, est décapitée. Abdelhakim a 14 ans. C’est un enfant tranquille et pieux. Mais l’humiliation faite aux siens, comme l’injustice faite au père, marquent son cœur à jamais. La brutalité du régime se fait insupportable. Kadhafi, tel “le piquet qui soutient la tente”, s’avère l’homme à abattre. Ayant passé son bac, le jeune homme apprend l’architecture et rencontre la première cellule clandestine de résistance au despote. Et c’est l’époque du grand appel au djihad, lancé depuis l’Arabie Saoudite. Prêter main forte au peuple afghan écrasé par l’armée soviétique s’impose comme un devoir. Cet appel à la guerre sainte paraît légitime. Abdelhakim a 22 ans. Il s’embarque pour l’Afghanistan via le Pakistan. Eprouve les épreuves de l’entraînement militaire puis celles des combats. Jette les bases avec ses compatriotes de ce qui va devenir le G.I.C.L. Et rencontre Ben Laden en tant que combattant. Blessé une seconde fois, mais cette fois au ventre, il est évacué jusqu’à Peshawar, au Pakistan, avant d’aller prendre ses quartiers à Khartoum, au Soudan. Il y rencontre à nouveau Ben Laden. Puis, recouvrant la santé, fomente des tentatives d’assassinat à l’encontre de Mouammar Kadhafi. Tous les attentats échouent. Tandis que les services spéciaux libyens, dans les rues de Khartoum, promènent des membres de la famille d’Abdelhakim pour l’inciter à se montrer. Notre héros flaire le piège. Il lui faut cependant quitter ce pays dans lequel il a séjourné 4 ans. On le retrouve en Turquie, à Istambul, où il va également demeurer quatre ans. Au début de l’an 2000, à l’appel de Ben Laden, il rejoint Kandahar au Pakistan, où ce diable de Saoudien a posé ses pénates. L’intention du chef d’Al Qaïda, les soviétiques ayant été refoulés, est de rassembler les groupes islamistes nationaux dans un vaste projet commun, nouveau et global. Ce que l’on peut nommer la confrontation de Kandahar va marquer l’échec du rêve de Ben Laden de déclarer une guerre universelle, semble-t-il, à la moitié du monde. “Si l’Islamisme a échoué contre les Etats, est-il persuadé, c’est qu’ils sont soutenus par les Etats-Unis. Le djihad doit être global, viser les juifs et les croisés. Mais c’est à la tête qu’il faut viser. (“Le Centre Mondial du Commerce”, quelques mois plus tard, va être frappé de plein fouet). L’émir Abdelhakim Belhadj se lève alors, exprime son désaccord : “Pourquoi veux-tu combattre les juifs et les chrétiens ? Veux-tu les éradiquer de la terre ? Quand le prophète a fondé Médine, ne l’a-t-il pas fait avec les juifs et les chrétiens ? Et quand ses compagnons étaient martyrisés à la Mecque, ne les a-t-il pas envoyés vers le roi chrétien d’Ethiopie ?”. On donnerait gros pour connaître le détail d’un débat dont on n‘a ici que la quintessence, et dont on sait qu’il a duré 72 heures non stop. Quelques mois plus tard, de Karachi où Abdelhakim a posé ses valises, il observe ahuri, sur Al-Djezeera, entouré d’une trentaine de ses hommes, l’effondrement des tours du World Trade Center. “Préparez-vous à vous enfuir, leur conseille-t-il, vous ne trouverez aucun lieu pour vous abriter.” Et c’est alors le commencement d’une grande cavale à travers l’Asie. Elle va durer 4 ans (encore ce segment temporel qui revient sans cesse). Les pays dans lesquels il pénètre en fraude, certains le mettent en prison, aucun d’eux ne consent à lui accorder asile. On trouve sa trace en Afghanistan, en Iran deux fois, en Irak, en Malaisie, à Pékin, à Canton, en Malaisie encore, en Thaïlande, à Bangkok où la C.I.A. l’intercepte, le ramène en Libye, le livre à Kadhafi. Fin du périple. Voici l’homme mis aux fers dans les geôles d’Abou Sélim. On l’interroge, on le torture, et après quatre ans, on le juge. Il se voit condamné à mort pour crime contre l’état. Son exécution est cependant reportée. Mouammar Kadhafi veut obtenir une réconciliation. Il l’obtient à l’usure, au terme de deux longues années. Abdelhakim se retrouve alors en liberté surveillée dans son pays, après 22 ans de clandestinité. La cause qui avait animé toute se vie : renverser le despote de son trône a pu, un moment, lui paraître à jamais perdue. C’est alors que la Tunisie flambe. On connaît la suite.  

Citations.

           Il ne s’agit pas d’abandonner le djihad. C’est une partie de la religion. Cela fait partie de l’Islam. Mais il s’agit d’expliquer ce que c’est. Comment il s’exerce. Contre qui et quand”. “Le djihad est un outil de légitime défense. Pour défendre sa terre et ses biens. Limité par une géographie, une pratique et une durée précise.”. “Il existe certes des gens parmi nous qui nuisent à l’Islam et la charia.”. “Une minorité de musulmans est dans une réaction incontrôlée.”. “Mais l’opinion des islamistes n’est pas contradictoire avec l’universalité des droits humains et un état civil.”. “La première constitution de Médine a été faite par des musulmans et des non musulmans.”

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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 18:48

Politique

Un caillou blanc

 

       La chose est assez rare pour être signalée. Pour que le soir de ce dimanche 28 juillet de l‘année 2013 soit ici marqué d’une pierre blanche. Le bulletin d’information transmis à 18 heures ne comporte aujourd’hui, le croira-t-on, que de bonnes nouvelles. Trois nouvelles d’inégale importance mais toutes trois reflétant, à des titres divers, un triomphe des valeurs positives de l’humanité.

            Qu’un nouveau pape prêche l’évangile de la pauvreté sur une plage du Brésil, s’adressant à 3 millions de jeunes gens venus de partout, et pour autre chose que de la conquête de trophées dans des rapports de compétition, est un fait réconfortant. Il tranche avec le culte de la concurrence, qui polarise nos sociétés sur les valeurs du fric et de la frime. Qu’un premier ministre préside en Nouvelle-Calédonie une cérémonie qui scelle une réconciliation entre les îliens est une victoire de l’intelligence et de la bonne volonté. Les fêtes de Nouméa sont toutefois le fruit d’un processus engagé depuis des années. Et le voyage d’un  pape à l’étranger est devenue chose rituelle.

            La grande nouveauté, le grand évènement du jour est à inscrire au tableau d’honneur du peuple du Mali. Cette élection  présidentielle, organisée dans la précipitation, au sein d’un pays immense, composite, sous-équipé, exsangue après la guerre récente, était une véritable gageure. Une entreprise de bonne volonté, complètement irréaliste, et vouée à l’échec. Contre toute attente le peuple du Mali s’est levé, a voté en masse, et nous laisse bouche bée.

Bon vent au peuple malien.

 

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 18:07

Politique

N’avons-nous rien compris ?

(Envoyé au Journal Le Monde)

 

            Charme français et investisseurs étrangers”. Tel est le titre de l’éditorial du Monde daté du 7 juin 2013. Malgré le coût élevé des salaires, les étrangers aiment investir en France. Moins ces dernières années pourquoi ? L’article du quotidien énumère les charmes puis repère les facteurs négatifs qui entraînent le déclin. Ces derniers se regroupent en deux causes principales. 1– Le contrôle chicanier de l’état. 2– Une rhétorique (ou une mentalité) anti-riches ou anti-entrepreneurs. A quoi tient, en dernier ressort, le déterminant unique de ces deux dernières causes ? Le diagnostic est sans appel : “Les élites de notre pays n’ont rien compris à la mondialisation”. Question : et si contraire les élites, mais aussi une majorité du peuple français avaient tout compris ? A savoir que la mondialisation libérale “ne vise plus à produire des objets pour des sujets, mais des sujets pour des objets” ?  Les défauts que cet éditorial dénonce, non sans lucidité, composent en fait le portrait d’une France consciente, que j’aime, et aux idées de laquelle je souscris.

Quitte à devoir vendre mon yacht.

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 08:11

Politique

A l’adresse d’HARLEM DESIR

 

C’est le moment ou jamais

(Et l’aubaine du 1er mai est déjà passée)

MAIS

Qu’attend le Parti Socialiste pour se lever

Aider son gouvernement ?

Susciter un grand mouvement de soutien

(populaire, national et européen)

afin d’inciter les états d’Europe

à prendre les dispositions qui s’imposent

pour affronter enfin, et sérieusement,

Le FLEAU DE LA FRAUDE FISCALE

Et l’EXISTENCE DES PARADIS FISCAUX ?

Des millions ne serions-nous pas à défiler dans les rues

Pour soutenir cette cause aujourd’hui accessible ?

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 16:59

Politique

Lettre à mon maire

 

                                  A l’attention de Monsieur Gérard Collomb

                                                    Maire de Lyon

 

                     Cher monsieur,

          Je feuillette votre magazine intitulé Le GRAND LYON n°42, qui me parvient ce jour. S’y reflète une communication bien composée où apparaît la dynamique intelligente qui anime notre cité sous l’impulsion de son valeureux maire. Une ville où l’on souhaite habiter. Mes compliments seraient sans réserves si des vocables à signification douteuse ne venaient froisser, par leur nombre, ma fierté d’Européen déjà largement colonisé. Page après page, s’exhibent en effet des vanités linguistiques qui me font un peu honte, je cite :

                           “Challenge.  Only Lyon.  City-Card.  Buzz.

                            Tour Incity.  Spiwest.  Lyon-Smart Community.

                            Smart Electric-City.   European Lab’.”

L’ambition est-elle de se parer de la brillance des signifiants du maître (par candeur, servilité ou mimétisme inconscient) et de faire de la capitale des Gaules une ville américaine ? Il semble.

         Concernant un autre aspect de l’avenir de notre ville, permettez-moi en outre d’attirer votre attention sur un point qui se trouve je le crois à l’ordre du jour. Celui de l’extension de notre ville. Lyon possède aujourd’hui un privilège rare. Le privilège d’être “Une grande ville à l’échelle humaine”. “Une grande petite ville”, disent certains, “Une petite grande ville”, disent d’autres, qui se peut traverser en une demi-heure en métro ou en bus. Cette particularité urbaine à mon avis est une chance. Et non seulement une chance à préserver, mais une chance à promouvoir. C’est grâce, en effet, à la bonne proportion de notre ville qu’il fait bon d’habiter dans ses murs. Aussi ne suis-je pas convaincu qu’ambitionner de faire de Lyon une “Mégapole” (fût-ce, dit-on, dans le but de l’insérer dans le cadre de l’Europe et du Monde) soit le gage d’une vie meilleure pour les citadins qui y vivent.

         Une chose dans le présent, Monsieur le maire, ferait en tous cas, je le crois, le bonheur des Lyonnais. Ce serait d’associer votre nom à l’installation, Place Bellecour, d’un petit monument qui n’existe pas aux Amériques mais fait grandement défaut dans notre ville :

Un kiosque à musique.

            Dans l’espoir d’un tel cadeau, je vous prie d’agréer, Monsieur le bourgmestre, l’expression de ma respectueuse considération.

Arnold de St-Just

  gérard collomb 001

 

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