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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 14:21

la superbe bicyclette    Société

 

Saint Etienne

 

            Quelle étrange idée que de prendre le train pour aller visiter, en touristes, la ville de St-Etienne dans le département de la Loire ! Eh bien, nous l’avons réalisée cette idée, Carla et moi, répondant à l’invitation d’une jeune amie, et nous en sommes revenus enchantés. La ville, jadis sombre, enfoncée dans le corps du Massif Central, se présente aujourd’hui arborée et pimpante. Non sans avoir gardé, en son centre, le bâti de très vieilles maisons édifiées au moyen de larges pierres, d’un volume que l’on observe rarement. La cité stéphanoise est par ailleurs l’une des rares villes à n’avoir jamais répudié son tramway. Et c’est un plaisir renouvelé de le voir se glisser sans fracas au creux des collines le long de ses rues longilignes. “Design”. Le mot est lâché. Le design est aujourd’hui l’image de marque qu’ambitionne de se donner la ville. Aussi ne pouvions-nous, pour commencer notre exploration, échapper à la visite du tout nouveau Musée du Design. Celui-ci occupe le vaste emplacement où se trouvait naguère “MANUFRANCE”, “la MANU”, la célèbre “Manufacture des Armes et Cycles de St Etienne”. A moins qu’il ne se complaise dans la culture de la nostalgie, ou dans le sentiment de déréliction qu’inspire une extrême vacuité, le visiteur préservera la qualité de son tonus moral en s’épargnant l’exploration d’un lieu qui échoue à faire oublier un désastre industriel et commercial. Ce qu’il faut voir, en revanche, si l’on visite la ville qui a donné naissance à Aimé Jacquet, c’est le Musée bien nommé de l’Art et de l’Industrie. Car en ce haut-lieu de travail du tissage et de la mécanique, l’industrie se présente justement comme un art. Mieux que sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, nous sont montrés de près les monstrueux métiers à tisser Jacquard, commandés, comme on le sait par un système de cartes perforées –prélude au procédé numérique– exhibant leur extrême complexité. Ainsi nous sautent aux yeux, comme matérialisées, l’opiniâtreté et l’ingéniosité d’une population d’artisans s’acharnant à résoudre des problèmes de technologie à des fins d’utilité économique. Un dessin, pour commencer, nous remémore l’itinéraire qu’empruntait jadis la route de la soie. Au creux de vastes soucoupes, de gros vers gras et vivants grignotent des feuilles de mûriers toutes fraîches. Une pédagogie intelligente, vidéo à l’appui, nous offre à suivre toutes les étapes de la fabrication de rubans et de tissus magnifiques. Un rêve humain réalisé depuis “Qu’une princesse chinoise, nous raconte notre guide (au demeurant charmante) prenait un jour son thé à l’ombre d’un mûrier. Un cocon tomba dans son bol de thé chaud. Un bout de fil imperceptible pointait hors du cocon. Avec mille délicatesses la jolie princesse l’étira. Le fil invisible et solide mesurait un kilomètre”.

            C’est au sous-sol de ce fabuleux musée que vous devez vous rendre à présent, afin de découvrir la collection des modèles de cycles produits par l’industrie stéphanoise depuis l’an 1883, date de la fabrication en France de la première bicyclette. Devant la nouveauté de chaque spécimen un fou rire, sachez-le, vous attend. Car vous imaginez la position que devait adopter le cycliste acrobate chevauchant son prototype. Qu’il s’agisse d’un vélocipède à roues de dimensions inégales, d’un vélo bénéficiant de l’apport d’un surcroît d’énergie fourni par les muscles des bras, ou d’un long tandem à trois places. Ce que l’on peut inventer à l’aide de deux cercles et de quelques segments de droite en triangle, avant de mettre au point la petite reine que nous honorons aujourd’hui est inimaginable. Toutes les formes ont été expérimentées. Y compris ce grand cercle vertical au centre duquel, grâce à l’opération du St-Esprit, le pédaleur parvenait à se lover. En ce sous-sol comme au rez-de-chaussée, se matérialise à nouveau sous nos yeux l’intensité du désir humain et sa capacité d’invention (laquelle, reconnaissons-le, si l’on considère les œuvres de la nature, se trouve à bonne école). En tout état de cause, nous disons-nous, il y a matière, ici, à convaincre un riche investisseur étranger à faire confiance à une population locale industrieuse et dans un pays paisible, où les loups, rarement, viennent jusqu’aux portes de la ville. Pour ajouter à notre plaisir, l’écrin même dans lequel se tiennent ces expositions justifierait à lui seul le voyage. Bâti dans les années 1850 pour abriter la nouvelle préfecture, ce haut bâtiment un peu raide n’était aucunement conçu pour servir de musée. On doit à l’architecte Jean-Michel Willmotte, qui réaménagea l’espace intérieur (jouant avec la pierre, le coloris d’un plancher splendide et des volumes cloisonnés de noir) d’en avoir fait un lieu d’exposition approprié parmi les plus remarquables que nous connaissions. Saint Etienne, ville étendue dans un repli caché du Massif Central témoigne de la présence non seulement d’une population ingénieuse mais d’une municipalité qui sait avoir du goût.

            Les Açores, assurément, sont un beau pays. Visitez Saint Etienne.

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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 13:46

Société

 

Ce temps n’est plus

 

Le Père Vandenbeusch, que le Monde du 16 novembre nous présente avec sensibilité, est sans conteste un prêtre sympathique. Bien élevé, ouvert, intelligent, animé même d’un certain goût de l’aventure, il est tout à fait le genre d’homme que l’on aimerait avoir pour ami. On ne peut que lui souhaiter une prompte délivrance. Une question cependant me tenaille. Que faisait-il au nord Cameroun, en pays musulman, en ce moment où nous sommes de l’Histoire ? Tout semble indiquer que les chrétiens n’ont pas encore compris que le temps des missions, celles-ci nécessairement entachées de colonialisme, est au moins pour un siècle achevé.

                                                              

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 13:42

Société

Albert Jacquard

 

 

           Ma voix va donc se taire, nous annonçait en Juin Albert Jacquard. D’autres chroniqueurs vont vous proposer un autre regard.”. Le char de l’été a moissonné les jours. En septembre, sur les ondes, la voix d’Albert n’est plus. J’en éprouve du chagrin. Du repentir aussi. Je ne l’écoutais plus. Ne l’écoutais plus avec l’attention qu’il mérite. Chaque jour, en quatre minutes, il nous disait des choses fondamentales. Les expliquaient par le menu. Avec rigueur. Sa voix sans doute était brisée. Son expression peu chaleureuse. Et l’homme, assurément, manquait d’humour. Semblait nous faire la morale. Mais il avait immensément souci du monde. Albert Jacquard était un sage. Il nous laisse ses livres.

            J’écrivais ce petit texte en septembre 2010. Nous apprenons aujourd’hui sa mort. Carla me lit sa biographie. Il était né à Lyon.

                                                                                                          Septembre 2013

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19 août 2013 1 19 /08 /août /2013 10:32

Société

Quelque chose d’insolite

 

          L’homme quitte des yeux la page de son livre, glisse un doigt entre les feuillets, lève le front. Quelque chose qui n’est pas un bruit capte son attention. L’appartement, semble-t-il, se trouve hanté par une présence. Une présence insolite. De celles sans doute que l’on découvre en général après minuit, lorsque l’on surprend dans le recoin de la cuisine l’activité fébrile d’un petit rongeur, blotti au pied de la huche à pain. Ou, plus rarement, lorsque l’on pressent dans l’ombre du salon le pas feutré d’un perceur de coffre-fort un peu distrait qui s’est trompé d’adresse. Mais la nuit s’est déjà retirée. Le jour, avec l’aube, répand sa lumière. La maison, en définitive, se révèle paisible. Par les fenêtres ouvertes, un vent discret venu du nord apaise la chaleur de l’été, caresse comme le fait une plume le ventre de l’homme à l’oreille tendue. Qu’est-il arrivé d’étrange, dans le calme du matin, qui obligea l’homme à interrompre sa lecture ? Il lui faut en avoir le cœur net. (Un vieux fond de témérité, doublé d’un désir ardent de connaître, l’emporte quelquefois sur son inclination à conserver la position du lecteur couché.). Le dard de la curiosité, cette fois, le pique au vif. L’homme se lève. S’avance à pas de loup sur le tapis laineux. Atteint la fenêtre de la chambre. S'embusque. Se tient à l’affût. Sous ses yeux : les jardins de Versailles. Du moins la beauté d’un square partagé par de larges allées, celles-ci délimitant de fabuleux parterres de fleurs. "Pas un chat". Dans l’espace de ce vaste jardin :“pas un chat”. L’homme stupéfait répète l’expression. Enfin détient-il, par ce concept vide, l’essence de la chose. La nature de la présence qui n'avait pas de nom. Dès la première heure du jour, pourtant, cette place est quotidiennement parcourue par le pas pressé de nombreux passants. Ce matin, pas l’ombre d’un humain. Sans doute, s’avise notre aventurier, sommes-nous aujourd’hui le deuxième dimanche du mois d'août, mois d’Auguste. La population entière, la chose était fatale, a déserté la ville. A présent, sur la cité, le Silence préside. Occupe l'espace. Les places, les rues, les maisons. Pas un vélo, pas une auto, pas un camion. Pas le moindre crin-crin émanant d’une valise à roulettes. Pas le frôlement d'une seule trottinette. Les arbres eux-mêmes se tiennent cois. Les pigeons se sont tus.

            Dès lors, comment ne pas s’apitoyer sur le sort des humains ? Ne pas songer aux gares, aux aéroports, aux autoroutes, aux terrains de camping, aux stations balnéaires, aux plages accablées de soleil, où se concentrent les foules ? Tandis que la ville, par enchantement, s’est mise en vacance. S'est démaquillée. A baissé ses paupières. S’offre nue toute entière à qui la veut prendre. Là-bas, sur le boulevard –l’homme n’en croit pas ses oreilles– un citoyen allègre, marcheur solitaire, chante. Sa voix, telle une ligne sonore dans le clair du matin, accentue le silence. Quel prince n’apprécierait la qualité de ce moment rare ? A cette pensée, l’homme exulte. Se dilate. Respire une bouffée de bonheur. 

            Après quoi, épuisé, il regagne son palais, s’allonge et fait sa nuit, le jour.  

  recamier-001.jpg  

Chut ! Silence. L’homme dort encore.

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 07:49

Société

 

Un mariage contemporain

 

 

 

Sylvia et John

 

Se sont épousés il y a 8 jours

L’échange des consentements a eu lieu le 23 février à Chambre-les-Feuilles

Ils étaient 8 à la cérémonie

Un don, en la circonstance, a été fait auprès des Restaurants du Cœur

S. et J. sont heureux ici de vous faire part de la nouvelle.

 

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Nos vœux les accompagnent.

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 08:55

Société

Une nouvelle du jour

             La nouvelle ce jour d’hui nous parvient. Les femmes incorporées dans l’armée américaine bénéficient dorénavant des mêmes droits que leurs camarades de sexe masculin. Notamment le droit (et donc le devoir) de porter les armes et de prendre part aux combats. On s’accorde à penser qu’il s’agit là d’un nouveau et franc succès de la Cause des femmes.

humanoïde 001 

 Ce droit n’est toujours pas accordé aux soldates de l’armée française…

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 22:32

Société

 

Les enfants du square

 

            Le square sous mes yeux, à travers la vitre. L’aire de jeux des petits enfants. Cabanes, balançoires, manèges multicolores que l’on trouve dans ce genre de lieu. Vaste tapis artificiel jaune saharien. Voici qu’une forme noire glisse le long du sol et s’enfile sous le petit tourniquet. Ce n’est pas un animal, ce n’est pas un vêtement emporté par le vent qui ne souffle pas. C’est un petit garçon, hardi, 5 ans, qui se cache. Rampe. Se redresse. Court après un autre enfant, plus grand, qui semble le happer. Ils traversent l’aire de jeu en diagonale, rapides comme une flèche. Disparaissent le temps d’une seconde dans l’ombre d’une cabane. Font des bonds sur un petit cheval à ressorts. Sont sur le toit rouge et noir d’une locomotive en bois. La quitte aussitôt et se roulent à terre. Leur vivacité est surprenante, leur vitalité stupéfie. J’appelle Carla. Saisis mes jumelles. Observez ces deux enfants. Le petit tombe, se retrouve étendu sur le sol les bras en croix, se redresse, reprend sa course, infatigable. Imaginez ces enfants sur les bancs de l’école. Impensable. Mon opinion, d’abord admirative, très vite se modifie. Je déchante. Ces enfants en font trop. Visiblement, ils ne voient rien, ne goûtent rien, ne s’arrêtent à rien. Sont pur mouvement. Une suite ininterrompue d’impulsions immédiates. Qu’est-ce donc qui s’exerce, qu’est ce qui s’impose à travers eux ?

Par qui, par quoi sont-ils zappés ?

les-enfants-du-square-001.jpg

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 14:53

Société

Un personnage étrange

 

            J’ai croisé dans la rue ce matin un personnage étrange : il chantait. Elancé, de taille moyenne, il allait d’un bon pas. Il était vêtu d’un costume anthracite, avait un foulard noué autour du cou, une mallette à la main. Rien n’existait en sa personne qui ne soit conforme à ce qu’on est en droit d’attendre d’un homme contemporain, parfaitement inséré dans le cours du temps. Sauf ce trait insolite : il chantait. A en croire le regard réprobateur des passants, il ne s’agissait pas seulement d’un acte démodée, anachronique. Mais d’un geste insolite qui brouillait les cartes. Il s’agissait manifestement, ce qui est grave, d’un comportement social déplacé. L’homme eût-il parlé tout haut, à voix forte, le portable collé à l’oreille, la chose eût été considérée comme normale. Serait passée tout simplement inaperçue. Mais chanter. Oser chanter dans la rue en marchant en plein XXI˚ siècle ! Cet homme –apparemment irréprochable sous tous les rapports, ignorait-il qu’une telle chose ne se fait pas ? Qu’il est à notre époque inconvenant de chanter seul, en public, comme d’ailleurs chez soi ? Entendez-vous les gens de votre immeuble pousser la romance ou chanter “San Francisco se lève..” ? Naguère, en des temps archaïques, le peuple assurément chantait. Le maçon sur le toit des maisons, le banquier le matin sous la douche. Ces temps sont à présent révolus. De nos jours, on ne chante plus. On écoute. On écoute des gens chanter pour nous, à travers des machines. Ils le font, avez-vous remarqué, selon deux modalités. Deux modalités seulement, sans doute convenues. Celle du hurlement, pour tenter de se faire entendre ; ou bien celle du murmure, pour faire sentir la sensualité du souffle, dans l’attente d’avoir quelque chose à dire.

           J’ai couru. Rattrapé le piéton chanteur. Lui ai tapoté l’épaule désirant l’avertir. Il m’a répondu, en suédois. Peut-être en norvégien.

telephoniste-rouge-001.jpg

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 15:31

Société

Sous nos fenêtres

 

Ouverture du square après 3 ans de travaux.

 

square-001.jpg

 

 

Quelques jours plus tard. En guise d'inauguration.

 

bataille-rangee-001.jpg

 

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 11:03

Société

 

Sagesse des nations

 Notre chocolatier à l’approche de Noël fait bien les choses. A un prix raisonnable, d’abord, il régale le bon peuple. Dans le creux de ses papillotes, ensuite, il donne à réfléchir. Il fait appel pour cela à la sagesse des nations. Trois exemples. Trois exemples seulement.

 

– Le premier. Baden-Powell :

  baden powell

 “Le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis, mais debout.”

(Moralité ? Attendez-le couché)

 

 – Le second. Proverbe chinois :

 confucius

“Un ami est une route. Un ennemi est un mur.”

(Moralité : Sautez-le)

 

– Exemple troisième. Marcel Proust :

 proust portrait

“Ceux qui aiment les fleurs ont un cœur qui ressemble à une fleur.”

(Le sien, sûrement, était une pensée).

 

- Un quatrième exemple pour la bonne bouche. Ici je suis sérieux. Ecoutez bien :

indien-d-amerique.jpg 

 

“Ne juge pas ton frère avant d’avoir marché 7 jours dans ses sandales.”

C’est un proverbe indien. L’essence de la culture.

 

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