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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 12:13

Société

 

Diogène de Sinope

 

            Exorcisme du spectre de la pauvreté qui nous hante ? Conjuration de la menace pressentie d’une dictature des objets ? Notre époque témoigne d’une inclination pour le crade, l’hirsute, le chiffonné, le mal rasé. Pour la même raison Diogène est un personnage sympathique, mal connu, mais dont on évoque volontiers le nom. On aime son côté voyou, rieur, ennemi de la contrainte, rétif aux lois qui régissent la cité. Diogène est un SDF pittoresque, un clochard philosophe, un mendiant bon enfant.

            On oublie que l’homme tout d’abord est un dur. Un ascète du genre stoïcien. Pour survivre, il lui faut faire la manche. Endurer l’épreuve de ceux qui lui refusent l’aumône. Pour s’endurcir, il tend longuement une main suppliante aux statues. Mais l’homme, avant tout, est un militant. Un provocateur. La crasse et le débraillé chez lui sont un discours. Une protestation contre le règne de l’argent, contre la bêtise, la servitude volontaire, dirions-nous aujourd’hui après La Boétie. Diogène ne possède rien. Ne veut rien posséder. Hormis la liberté. La liberté d’être soi, de penser par lui-même. Diogène est un seigneur. Son palais est une amphore. Une grosse jarre sur le bord du sentier. Un tonneau diront les Gaulois. Alexandre, Alexandre le Grand, celui qui allait conquérir l’Orient, passe un jour par là et s’approche : “Je peux tout, lui dit-il, Demande-moi ce que tu veux. Tu l’auras.” Diogène lui répond – “Ôte-toi de mon soleil. Tu me fais de l’ombre.”. Alexandre lui laisse la vie et lui assure du même coup la célébrité.

            Notre SDF, un autre jour, arpente la ville à l’heure de midi. Il brandit une lanterne et répète désespérément : “Je cherche un homme.”. Entendez : un vrai. Au bout d’une ficelle, une autre fois, il traîne dans la poussière un hareng. Comme nous traînons nos préjugés. Le bougre en fait de pires. Et d’obscènes. Socrate, quelques années plus tôt, se montrait plus modéré. Se contentait d’affirmer “Je ne sais rien, causons !” A des degrés divers, pourtant, Diogène et Socrate avaient en commun ce trait : la provocation. Pro vocare : ce qui précède la parole, la suscite.

            J’éprouve un sentiment à l’égard de Diogène. Je lui dois d’avoir intériorisé le geste d’un grand nombre de nos contemporains : installateurs, plasticiens, compresseurs, grapheurs, bruiteurs, performeurs et autres cracheurs de feu. Ce ne sont pas forcément des artistes, mais ils font signifier des choses. Parler les murs. Quelquefois crier les pierres. Ils ne sont pas de notre époque. Ils sont de tous les temps. Diogène est de tous les temps. Il vend aujourd’hui le Journal des Sans Abris au bout du pont, et se prénomme Jésus.

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 11:01

Société

 

                     Les instruments du prince

  

                                               Un chapeau      Un drapeau

                                               Un hochet        Un mouchoir

                                               Un fouet           Un hachoir

 

                                         instruments du prince

 

                                               Le chapeau du néocapitalisme

                                               Le drapeau de l’identité nationale

                                               Le hochet de l’argent

                                               Le mouchoir de la compassion occasionnelle

                                               Le fouet du geste répressif

                                               Le hachoir du verbe

 

                                           Instruments d’exercice du pouvoir d’un prince

                                                     hissé par nos soins sur le trône

                                                           du Royaume de France

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 19:42

Société

 

Vent de liberté

 

Après la TUNISIE,

premier temps réussi, exemplaire,

d’une révolution populaire

en EGYPTE

La place Tahrir s’inscrit dans nos mémoires

Un vent de liberté, inattendu,

S’est levé sur le monde arabe.

Nos vœux

Pour l’avènement de vraies démocraties.

 

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 12:33

Société

 Cécité

 

Ils ne voient pas

Ne voient pas l’abîme

Ne voient pas le symbole

 

Ils voient l’or

Voient l’aura

Voient le chiffre

Hourrah !

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 10:56

Société

 

Pure révolution

 

Un dictateur

Un pouvoir tentaculaire

 

Auto immolation d’un jeune homme par le feu

 

Soulèvement d’un peuple

Qui se parle

par le truchement du réseau Internet, grande nouveauté

Sa modération, sa clarté de langage, sa détermination.

 

Fuite du despote

Ouverture des prisons

 

Pure révolution

Imprévisible. Au sein du monde arabe.

Evènement mondial

Aussi significatif que le Onze Septembre

Incertitudes. Inquiétude. Espoirs.

Quel âge a le monde ? 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 10:00

Société

 

La Ciclotte

Le cadeau pour l’an 2011

 

            Marcel Duchamp, j’imagine, ne s’estimait pas un peintre terrible. Il eut une idée. Au musée, il fit admettre un urinoir qu’il appela “Fountain”. Il y transporta par la suite une roue. Une roue de bicyclette. On en parle aujourd’hui encore avec admiration. Fidèle à l’esprit du maître, un designer italien, Luca Schieppati, pourrait à son tour introduire au musée un objet tout récent de son invention : la Ciclotte. Nous lui en suggérons l’idée.

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               La Ciclotte est un cycle. Le i grec a été remplacé par le i italien. Par ailleurs, au bicycle, une roue a été enlevée. Pourquoi en mettre deux lorsqu’une suffit ? Le Cyclope lui-même n’avait-il pas qu’un œil ? Ciclotte est ambitieuse. Plus que l’urinoir elle se veut, si la chose est possible, un objet esthétique. Mais à quoi bon se montrer belle, à notre époque, si l’on n’est pas de surcroît un objet pratique ? Ciclotte est un chef-d’œuvre d’utilité. L’antique vélo d’appartement se montrait encombrant. Ciclotte est courte. Se pose facilement au pied de votre lit. Le matin, hop là, en pyjama, vous voilà perché. Partant gaillard pour la randonnée. Délivré du carcan du casque. Du maléfice du pneu qui éclate. La randonnée, bien sûr, est imaginaire. Mais le monde, aujourd’hui, n’est-il pas virtuel ?

            Pratiquez la Ciclotte. Vous serez dans le vent. Un mini ventilateur, d’ici peu, c’est envisageable, vous fera sentir son souffle. Et un petit écran, en couleur et en 3D, vous offrira le défilé d’un joli paysage. La vieille expression “ça va ?” (ou “Comment allez-vous ?” – sous-entendu “à la selle”) retrouvera son sens propre. Avant que d’être remplacée, la chose est probable, par l’expression dynamique: “ça roule ?”.

Ciclotte change la vie.

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 18:47

Société

Aujourd’hui la Chine

 

            La Chine fait aujourd’hui son entrée dans le monde. Son entrée en puissance et en majesté. La vieille dame, âgée de 3 000 ans, paraît toute jeune. Possède un territoire immense et de nombreux enfants. Elle nous vient de loin. De plus loin qu’on ne le pense. D’un endroit de la Terre d’où le monde s’aperçoit autrement. Avec d’autres yeux, d’autres mots, d’autres évidences ; selon une autre histoire. Notre rencontre, inévitablement, suscite le quiproquo, la méprise, le malentendu. Sur le point de l’honneur, de surcroît, la dame se montre susceptible. Elle a, nous le savons, ses raisons. Il y a environ cent ans, nous, les Occidentaux, nous l’avons violée. Le temps est venu pour nos peuples (nos diplomates, nos ingénieurs, nos marchands) de tenter de comprendre la Chine. Et par ce biais, et par chance, de mieux nous comprendre nous-mêmes. Par extension, d’améliorer notre approche d’autres cultures (africaines, musulmanes et autres).

            Que savons-nous de la Chine ? Un fait significatif survient ces jours-ci qui laisse songeur. Semble indiquer que nous ne savons pas, nous adressant à la jeune-vieille Dame, à qui au juste nous parlons. Sur un point de morale publique (le respect des droits de l’homme), nous nous permettons de lui faire la leçon. Un sujet qui nous tient à cœur, il est vrai, car il résume en quelque sorte l’idéal de l’Occident. Le silence que Pékin nous oppose, nous l’interprétons comme l’entêtement d’un pouvoir autoritaire qui s’obstine à ne vouloir rien entendre. Un jugement non dépourvu de pertinence mais qui, je le crains, cache un déni de réalité. De notre côté, et la chose nous échappe, nous faisons nous aussi la sourde oreille. Evitons d’entendre que s’énonce, sous les traits d’un incompatible linguistique, la résistance d’une culture millénaire. Laquelle, pour couronner le tout, a longtemps cru “ne rien devoir à personne”.

            Les “droits de l’homme”, disons-nous. Mais qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que l’individu, qu’est-ce que la liberté, et qu’est-ce que le droit pour la pensée chinoise traditionnelle ?

Douze citations

1 – “La Chine, écrit Liang Shuming, n’a pas l’idée des droits de l’homme et de la liberté.

2 – “La Chine n’a jamais découvert l’individu.

3 – “La personne individuelle est en Chine une notion qui n’existe pas.

4 – “On est père ou fils. Souverain ou ministre. Epoux ou épouse. Aîné ou cadet.” (pas individu).

5 – “On n’existe qu’en relation à autrui.

6 – “L’homme est un point dans un tissu de relations multiples.

7 – “La famille, le clan, la lignée, sont plus importants que l’individu, et passent avant la nation.

8 – “La Chine n’a pas de mot adéquat correspondant au mot liberté.

9 – “La notion de droit reste pour nous une énigme.Elle comporte principalement l’idée d’obligation.

10– “Le droit ne se revendique pas. On attend que l’autre vous l’accorde.

11– Le Chinois se demande ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Non ce qu’il désire faire ou ne pas faire.

12La démocratie, la liberté, ou l’égalité ne sont pas des priorités dans la pensée chinoise.

Un autre monde

            Ces citations, tirées des “Idées maîtresses de la culture chinoise”, de Liang Shuming, sont pour le moins éloquentes. L’essai de ce chercheur chinois, achevé en 1949, ne nous dit certes rien de l’évolution que dû connaître la société chinoise depuis 60 ans. Depuis l’instauration du régime communiste jusqu’à son ouverture récente à l’économie mondiale de marché. Ce livre, en revanche, en ce qu’il conduit une étude comparée de la Chine et de l’Occident –ce livre intelligent et limpide est à mes yeux un modèle du genre. Et avant tout le modèle de la tâche intellectuelle qu’il nous incombe aujourd’hui plus que jamais d’accomplir. Du moins si nous désirons éviter, nous adressant à l’autre (qu’il soit pékinois, saoudien ou afghan), de lui “parler chinois”.

 

Liang Shuming

“Les idées maîtresses de la culture chinoise”

Edition cerf (Institut Ricci)

 

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 11:50

Société

 

Une déclaration très attendue

 

             Un manuscrit de Léonard de Vinci vient d’être découvert dans les archives de la médiathèque de Nantes. L’intelligentsia de la ville est en ébullition. Le document est en effet conséquent. Il consiste en une bande de papier froissé large de 20 cm sur 3 de haut (mensurations à vérifier).  Ecrit  en miroir, dans un italien local du 15ème siècle, on ignore encore les fortes pensées qu’il recèle. Il pourrait s’agir de la transcription d’un fantasme érotique ou d’une recette de cuisine. D’un essai machinal de la plume, ou d’un secret de la Terre. Faudra-t-il réécrire “Le Da Vinci Code” ? La parole appartient aux experts. On s'attend néanmoins, dans les heures qui viennent, à une déclaration du chef de l’Etat.

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:00

Société

 

L’hiver cette année là…

  

            L’hiver, cette année là, survint avant l’hiver. Le premier décembre. ironie du ciel  : le jour de la sainte Florence. La veille, le froid et la neige avaient attaqué Orléans. Puis le haut plateau limousin. Les villageois se terraient. Dans leur chaumière, ils s’éclairaient aux bougies. La ville de Lyon succomba le lendemain. Dans l’après-midi. A l’heure de la fermeture des fabriques et des bureaux . La nuit déjà couvrait la ville. La neige rendait les rues impraticables. De longues files de pauvres gens longeaient les murs, le dos courbé. Ils rejoignaient leurs gîtes, à pas comptés. Certains atteindraient leur foyer avant que sonne la minuit. Ils doublaient sans mot dire des colonnes de voitures stationnaires aux phares allumés. Au matin la cité était morte. Pas une âme qui vive. Vers midi, dans la cour, deux enfants lyonnais au teint basané édifièrent un gros bonhomme de neige avec pipe. Sous le ciel sombre, vers trois heures, apparut un vol de corbeau. Carla et moi, dans la nuit, avons parcouru la contrée. Elle semblait le Grand Nord.

L'hiver, cette année là, était venu avant l'hiver.

Il faisait grand vent. Nous avons tué six loups.

 

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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 16:14

Société

 

Chose vue 

 

 

Le "Carré de la Soie", Centre Commercial de Vaulx-en-Velin

 

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 Entrée principale. "Luxe, métal et volupté"

 

 

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 Décor aérien : "Bienvenue en cage"

 

 

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Détail  : "Toi qui rentre ici, perds toute espérance" 

 

 

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Parking : "Dans ce caveau enfin repose ton bonheur".

 

Question :

A qui, A quoi songe un architecte ?

 

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